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Bibliothèque et Archives du Château de Chantilly
Contactez-nous à l’adresse suivante: bibliotheque@domainedechantilly.com
Grâce à des sources rares, sélectionnées parmi les 60 000 livres de la Bibliothèque du duc d’Aumale, l’exposition éclaire, de façon particulièrement vivante, l’un des crimes les plus fascinants et retentissants de notre histoire.
Commissaire : Olivier Bosc, Conservateur en Chef de la Bibliothèque et des archives du château de Chantilly.
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Avec la fin de l’ère médiévale le Roi perd progressivement cet attachement au divin tout en gagnant en puissance avec l’affirmation d’un pouvoir sécularisé. Il devient simultanément puissant et vulnérable. Son corps spirituel est permanent (à la base de l’Etat), son corps temporel est mortel. Viser le Roi ou l’Empereur, s’en prendre à une dynastie ou assassiner César est le reflet paradoxal de la fragilité du pouvoir comme de sa permanence.
« Tuer le roi » (ourdir un complot, préparer un attentat, commettre un régicide) devient possible et marquera l’Histoire.
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Vincent de Beauvais, Le Miroir historial (XVe siècle). Traduction de Jean de Vignay
Manuscrit sur vélin, XVe siècle.
484 f. à 2 col. de 49 lignes, 110 miniatures, initiales en or et couleurs.
Provenance : acq. vente Stuart de Rothesay, 1855.
Œuvre du Dominicain français Vincent de Beauvais, le Miroir historial forme une sorte d’encyclopédie historique du Moyen-âge. Elle comporte une scène figurant le sacre d’un Roi, le couronnement de Lothaire, descendant de Charlemagne. Les emblèmes religieux comme la hiérarchie ecclésiale y sont nettement figurés marquant le lien entre religion et monarchie, typique de l’ère médiévale.
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Saint Thomas d’Aquin (1224-1274) dans sa Somme Théologique (1272) justifie le tyrannicide, c’est-à-dire l’assassinat du Tyran, le Roi injuste. Il distingue le tyran d’usurpation, sans légitimité et donc condamnable et le tyran d’exercice, mauvais souverain certes, mais qu’il faut épargner. La postérité de cette lecture sera grande et servira à justifier des attentats jusqu’à l’époque contemporaine.
Les textes de l’antiquité Romaine, redécouverts à la Renaissance, mettent en lumière un autre épisode fondateur : l’assassinat de César. Le récit est repris dans les Faits des Romains, compilation des écrivains et chroniqueurs latins Salluste, Suétone et Lucain. Un meurtre politique encore popularisé un peu plus tard avec Jules César (1599) de William Shakespeare, la plus réussie de ses pièces romaines.
[Summa theologica] Secunda Secunde beati Thome de Aquino.- In urbe Moguntina : Per Petrum Schoyffer de Gernsheym, 1467.
Manuscrit sur vélin, orné de miniatures.
Première édition avec date.
Provenance : acq. Coll. Standish 1851.
La Somme théologique est un des textes majeurs du théologien et penseur politique Saint Thomas d’Aquin. Le « Docteur angélique » y traite de sujets théologiques et philosophiques. La Question 42, intitulée « De la sédition » (la guerre civile), examine ce pêché et justifie la résistance à la tyrannie. Le tyran est par définition séditieux et le renverser c’est œuvrer au bien commun. C’est la première justification du tyrannicide dans la pensée politique. Elle sera reprise pour justifier l’assassinat de Rois et ce jusqu’à l’époque contemporaine.
Les Faits des Romains compilés d’après Lucain, Suétone et Salluste.
Manuscrit sur vélin, XVe siècle.
216 f. à 2 col. de 45 lignes, rubriques, initiales en couleur, 12 miniatures.
Provenance : legs du duc de Bourbon, 1830.
Le poète Lucain (39-65), Suétone et sa Vie des douze Césars et l’historien Salluste sont parmi les plus célèbres chroniqueurs de l’antiquité Romaine. A la Renaissance leurs textes jusqu’ici oubliés sont redécouverts, compilés, traduits et illustrés. Les Faits des Romains, ou plutôt l’Histoire des Romains, devient un texte à la mode. Il s’achève sur le meurtre de César par Brutus. L’assassinat de l’Empereur au sommet de sa puissance est la « scène primitive », l’archétype, de tous les régicides à venir.
Les Faits des Romains compilés d’après Lucain, Suétone et Salluste.
277 f. à 2 col. de 39 lignes, rubriques, initiales ornées, 6 grands sujets peints et 5 en grisaille (non achevés), 48 miniatures.
Provenance : legs du duc de Bourbon, 1830.
Le meurtre de César a un seul motif : empêcher la tyrannie. Mais c’est un meurtre pour rien dans la mesure où les successeurs de l’Empereur assassiné n’éviteront pas cet écueil. Aussi l’image du meurtre de César servira tour à tour les partisans comme les opposants du tyrannicide. Les premiers vont considérer ce geste comme une libération, un exemple à suivre. Les seconds argueront de son inutilité au vu de ses conséquences historiques néfastes.
Les Commentaires de Julius Caesar.- Paris : Antoine Vérard, [1488].
[114] f., rubriqué ; initiales enluminées, fig. gravées sur bois.
Provenance : acq. vente Gancia, octobre 1852.
La popularité de César est grande à l’aube de la Renaissance ainsi qu’en atteste la traduction et la publication de ses œuvres les plus célèbres. Ici l’une des toutes premières traductions en Français des Commentaires.
The Plays and poems of William Shakespeare.- Londres : William Pickering, Natali & Talboys, 1825.
11 vol.
2 portraits dont un sur papier de Chine et 38 planches gravées sur les dessins de Stothard, par Fox, Worthington & co., sur papier de Chine, presque toutes avant la lettre.
Provenance : acq. vente Sotheby, mai 1867.
Le meurtre des Ides de Mars devient un thème populaire illustrant contestation du pouvoir, conspiration et crime politique. Shakespeare s’en empare et met en scène le régicide de façon spectaculaire dans la plus fameuse de ses pièces romaines : Jules César. Composée au début du XVIIe siècle la pièce est le reflet de son temps où la théorie du tyrannicide trouve dans la question religieuse et la révolution de Cromwell une nouvelle actualité.
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Le régicide comme acte raisonné est désormais justifié.
Le peuple fait le Roi, s’il se révèle être un Tyran, il devient juste de le tuer. Mais seul un régicide « légal » – par opposition à un acte isolé et criminel – est à même de mettre fin à la tyrannie. Ce mouvement aboutira à l’exécution de Charles Ier d’Angleterre à l’issue d’un procès en 1649, puis aux régicides commis par les Révolutions (Louis XVI en 1793, le Tsar Nicolas II en 1918). Pourtant les complots et les attentats contre le monarque vont continuer de jalonner notre Histoire.
Essais de Messire Michel, seigneur de Montaigne…– A Bourdeaus : Par F. Millanges, 1580.
2 vol. (496 ; 650 p.).
Edition princeps.
Provenance : acq. vente Bertin, mai 1854 .
Montaigne, s’il est un admirateur de César homme de guerre, est plus réservé sur le politique. C’est le reflet de sa conviction humaniste. Le philosophe est aussi l’ami du célèbre auteur De la Servitude Volontaire – essai sous-titré sans équivoque le Contr’Un – Etienne de la Boétie (1530-1563), vive attaque contre le pouvoir personnel. Sans jamais se prononcer en faveur du tyrannicide Montaigne prend de façon évidente position contre le tyran. Ici la toute première édition de ses Essais.
Il Principe… La Vita di Castruccio Castracani da Lucca…– In Vinegia : In casa de figlivoli di Aldo, 1540.
84 f.
Provenance : acq. vente Libri, août 1859.
Dans son célèbre essai Le Prince, Machiavel ne fait pas mystère de son républicanisme. Héritier et défenseur de l’autonomie des villes italiennes, il est rétif aux tentatives hégémoniques, impériales notamment. A ce titre son Prince n’est pas un Tyran mais une créature politique qui doit composer avec son environnement. Pourtant la postérité de ce livre en fit bien vite une sorte de manuel destiné aux régicides.
Les Heures royalles dédiées au Roy contenant l’office de la Vierge Marie réformé au Concile de Trente…– A Paris : chez André Soubron, 1657.
Reliure anglaise, 17e siècle, tapisserie à l’intérieur de laquelle sont insérés des cheveux de Charles Ier d’Angleterre, étui de velours jaune.
Provenance : don de Mgr. Weld, décembre 1863.
Le règne de Charles Ier d’Angleterre marque à la fois le sommet de l’affirmation de la monarchie absolue et son éclipse définitive. Aux Stuarts, catholiques, s’opposent bientôt calvinistes, parlementaires et partisans des libertés publiques. La victoire de Cromwell marque le terme de la Première Révolution anglaise et livre le Roi sans défense au parlement. Jugé, il est reconnu coupable de tyrannie. Le Roi Charles Ier a la tête tranchée par le bourreau le 30 janvier 1649. C’est le premier régicide « légal » de l’histoire.
Le livre d’Heures présenté ici comporte dans sa reliure la chevelure du Roi décapité, pieusement conservée par son épouse Henriette-Marie de France, fille d’Henri IV.
Joannis Miltonii, Angli, pro populo anglicano defensio contra Claudii anonymi, alias Salmasii Defensionem regiam.– Editio emendatior. – Londini : Typis Du Gardianis, 1651.
Provenance : acq. vente Giraud, avril 1855.
The Works of John Milton in verse and prose, printed from the original editions with a life of the author by the Rev. John Mitford.– London : Bickers and Bush, 1863.
Provenance : duc d’Aumale.
L’anglais John Milton est très certainement le plus grand poète de son temps. C’est aussi un partisan des libertés publiques. Il illustre la lutte contre la monarchie absolue, la dictature des Stuarts et le rôle naissant des lettrés (qui ne sont pas encore des « intellectuels ») dans le combat politique.
Son pamphlet The Tenure of Kings and Magistrates de 1649 et un plaidoyer implicite en faveur du régicide. Ce texte est repris dans ses œuvres complètes au XIXe siècle.
Histoire de la révolution d’Angleterre, depuis l’avènement de Charles Ier jusqu’à la restauration de Charles II par M. Guizot.– Paris : A. Leroux et C. Chantpie, 1826.
2 vol. (XXVII, 411 ; 479 p.).
Provenance : duc d’Aumale.
François Guizot avant de devenir l’âme politique du régime de Louis-Philippe à partir de 1840, fut un historien réputé membre de l’Académie Française depuis 1826. Son libéralisme politique fut nourri de ses études historiques et tout particulièrement de ses travaux sur les révolutions anglaises, sujet qu’il ne délaissa jamais tout au long de sa carrière d’écrivain. Il y fustige tour à tour l’illégitimité du pouvoir absolu et la stérilité de la violence politique afin de défendre la monarchie libérale et parlementaire.
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A leur tour des monarchomaques catholiques justifient et en appellent au régicide. Le plus célèbre d’entre eux est Jean Boucher (1548-1644). Henri III, assassin des chefs du parti catholique (la Ligue), aux mœurs douteuses, excommunié par le Pape est un tyran. Il mérite la mort. Le moine Jacques Clément, dominicain, fanatisé puis habilement conditionné par la duchesse de Montpensier, le poignarde à Saint-Cloud le 1er août 1589. Il est tué et défenestré par les gardes du Roi. Son corps sans vie sera écartelé puis brûlé.
– Hotomani, Francogallia.– Genevae : Ex officina Jacobi Stoerii, 1573.Edition princeps.
Provenance : acq. vente Paris, 1852.
François Hotman est l’un des plus fameux monarchomaques (du terme grec signifiant ceux qui luttent contre les rois) protestants. Dans Franco-Gallia (La Gaule Française), écrit dans l’effroi de la Saint-Barthélemy, il affirme le caractère non héréditaire de la couronne de France et sa nature élective. Hotman estime que le peuple est libre de déposer et de créer des rois. Il ouvre ainsi la voie aux théories du contrat social et pose l’existence d’un lien entre le Roi et ses sujets que ces derniers sont libres de trancher, y compris par la force.
Papirii Massoni Responsio ad maledicta Hotomani cognamento Matagonis.- Parisiis : Ex typographia Dyonysii a Prato, 1575.
13 f.
Provenance : acq. vente Coste. Paris, mai 1854.
Réponse à l’ouvrage d’Hotman attribuée au jésuite Jean Papire Masson.
Dialogus quo multa exponuntur quae Lutheranis et Hugonotis gallis acciderunt. Nonnulla item scitu digna et salutaria consilia adjecta sunt.– Oragniae : Excudebat Adamus de Monte, 1573.
170 p.
Edition princeps.
Provenance : acq. vente Pizarro. Bruxelles, juin 1862 .
Théodore de Bèze est certainement le monarchomaque protestant le plus célèbre. En 1574 il écrit Du droit des Magistrats sur leurs sujets essai prônant sans ambigüité la résistance des Huguenots à la tyrannie. Le rare pamphlet présenté ici se situe dans la même lignée. Il lui est tantôt attribué, tantôt à Nicolas Barnaud ou Hugues Doneau, autres représentants du courant monarchomaque protestant.
Mémoires pour servir à l’histoire de France…/ [Publiés par Denys Godefroy].– Cologne : Chez les héritiers de Herman Demen [Foppens], 1719.
2 vol. : portrait et fig. ajoutés.
Provenance : acq. coll. Cigongne, 1859.
Pierre de l’Etoile de son poste de Grand audiencier de la chancellerie de France possède un point de vue unique sur son époque. Il note au quotidien ce qu’il observe tout au long de sa carrière. Pertinent, doté d’un jugement équilibré son texte constitue aujourd’hui un document précieux pour les historiens. C’est ainsi qu’il fait le récit de l’assassinat d’Henri III.
Le Martyre de Frère Jacques Clément, de l’ordre S. Dominique, contenant au vray toutes les particularitez plus remarquables de sa sainte résolution et très heureuse entreprise à l’encontre de Henry de Valois.– Paris : Chez Robert Le Fizelier, 1589.
62 p.
Provenance : acq. vente Lignerolles, avril 1894.
Ce texte est une apologie du crime de Jacques Clément. D’autres pamphlets de cet ordre suivront la mort d’Henri III. Charles Pinselet, Chevecier (trésorier) de Saint-Germain l’Auxerrois, avait déjà rédigé en 1581 Le Martyr des deux frères pamphlet virulent sur l’assassinat des Guises.
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Au fil des 21 ans de règne Henri IV fait l’objet de dix-huit tentatives de meurtre. La plus mémorable fut celle de Jean Châtel en 1594. Le mystique s’introduit dans la chambre du Roi, le frappe sans lui faire plus de mal que lui briser une dent.
L’attentat
Ravaillac, natif d’Angoulême, est un homme de haute stature, constamment animé de visions, exalté par les prêches virulents contre l’usurpateur. Il souhaite se faire moine mais son agitation permanente lui ferme cette vocation. Le dessein d’assassiner le roi se fait jour après une visite manquée en 1609, afin de l’inciter à faire la guerre aux protestants. Son exaltation grandit, le projet s’affirme, jusqu’en mai 1610. Ravaillac gagne Paris à pied, rôde quelques jours autour du Louvre, s’empare d’un couteau trouvé dans une auberge puis rencontre le carrosse du roi bloqué dans l’étroite rue de la ferronnerie. Ravaillac s’en approche, se juche sur une borne et « donne dans le corps du roi comme dans une botte de foin ».
La question, le procès, l’exécution
Ravaillac est miraculeusement épargné par l’escorte et soumis à la Question, c’est-à-dire la torture, à quatre reprises. Il ne dénonce aucun complice, affirme avoir agi seul.
Il est déclaré coupable de lèse majesté divine et humaine au premier chef, et condamné à la peine de mort, « à avoir la main droite tranchée, tenant le couteau parricide, à être écartelé, à avoir les membres réduits en cendres et les cendres jetées au vent ». Sa maison de naissance est démolie, sa famille exilée, son nom banni d’usage.
Le 27 mai il est conduit en place de grève et châtié.
Interprétations
Deux thèses se sont affrontées jusqu’à ce jour pour expliquer ce geste. La première, à la lumière de la personnalité de Ravaillac et en l’absence d’aveu, est celle d’un acte isolé. Ravaillac comme Clément a été le jouet du fanatisme religieux.
L’autre thèse est celle d’un complot ourdi au bénéfice de l’ambition de Marie de Médicis et du duc d’Epernon, des visées de l’Espagne et du parti catholique. L’historien Michelet écrit : « Sur la mort du roi tous s’entendaient à demi-mot, ne se compromettaient pas, mais laissaient aller le fou ».
Sermons de la simulée conversion et nullité de la prétendue absolution de Henry de Bourbon, prince de Béarn, à S. Denys en France, le dimanche, 25 juillet 1593…– A Paris : Chez Guillaume Chaudière, Robert Nivelle et Rollin Thierry, 1594.
408 p.
Edition princeps.
Provenance : acq. coll. Cigongne 1859.
Jean Boucher est un théologien membre de la Ligue. Il illustre le courant monarchomaque Catholique. Son livre La vie est les faits notables de Henri de Valois, où il dépeignait les mœurs coupables d’Henri III, a pu guider le geste de Jacques Clément. En Chaire à Saint-Merry il prononce neuf sermons où il réfute la conversion d’Henri IV au Catholicisme, repris ensuite en volume. Il en appelle au peuple de France pour qu’il ne reconnaisse pas Henri IV comme son Roi légitime, ouvrant ainsi la voie à son assassinat.
Provenance : acq. librairie Techener.
Dès 1610, les frères Richer, éditent cet annuel où faits divers et nouvelles politiques du monde entier informent un public choisi. Sa parution durera jusqu’en 1644 puis sera reprise par le fameux Théophraste Renaudot. Ancêtre de notre presse Le Mercure François raconte avec force détails l’assassinat d’Henri IV dans sa livraison de 1611.
Procès du très-méchant et détestable parricide Fr. Ravaillac, natif d’Angoulême, publié pour la première fois sur des manuscrits du temps…– A Paris : Chez Auguste Aubry, 1858.
Un des 6 exemplaires sur Chine. Exemplaire de présentation, avec envoi autographe de l’éditeur.
Provenance : duc d’Aumale.
Le livre, publié au XIXe siècle, est une compilation de pièces d’archives inédites sur le procès de Ravaillac, redécouvertes alors. La gravure en frontispice de l’ouvrage, un portrait où l’assassin brandit un poignard, deviendra l’image classique du régicide.
Arrest de la cour de Parlement contre le très meschant parricide François Ravaillac.– A Paris : Chez F. Morel, P. L’Huillier & P. Mettayer, 1610.
6 p.
Reliure française, 17e siècle, parchemin, liens de cuir.
Provenance : duc d’Aumale.
La peine réservée alors au régicide est assimilée à celle destinée au parricide (meurtre du père). Le coupable est condamné à mort mais il doit subir un traitement spécial. Son visage est recouvert d’un voile noir, sa main est tranchée (peine simple des parricides) puis il est écartelé par quatre chevaux. Ce traitement d’une extrême rigueur est au sommet de la pyramide des peines de l’Ancien Régime.
Remonstrance à Messieurs de la Cour de Parlement sur le parricide commis en la personne du Roy Henry le Grand.– [s.l.] : 1610.
40 p.
Provenance : acq. vente Pontlaville, avril 1850 .
C’est l’un des premiers pamphlets s’attachant à disculper Ravaillac ou tout au moins à en faire l’instrument d’un complot allant au-delà de sa personne. Les jésuites auraient armé la main du régicide afin de renforcer le pouvoir du Pape au détriment de celui du Roi. Le pamphlet vise tout particulièrement les écrits de Juan de Mariana. C’est la première manifestation d’une « théorie du complot » dont l’ordre des Jésuites sera la victime récurrente jusqu’à l’époque moderne.
Histoire de la mort déplorable de Henri IIII, Roy de France et de Navarre…– Paris : Veuve Mathieu Guillemot et Samuel Thiboust, 1612.
XVI-556 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Poète et Homme de lettres mais surtout historiographe d’Henri IV, Pierre Matthieu écrit en 1612 un fort volume sur l’assassinat du Roi de France. Le récit est enrichi d’un panégyrique et d’un discours funèbre.
Le Véritable manifeste, sur la mort de Henry le Grand par la damoyselle d’Écoman.– [s.l.] : 1616.
14 p.
Provenance : acq. librairie Puttick. Londres, 20 décembre 1851.
La Demoiselle d’Escoman, au service de la marquise de Verneuil, a raconté avoir rencontré Ravaillac auprès de sa maitresse à Marcoussis. Son témoignage accrédite la thèse d’un complot contre Henri IV, ourdi par la marquise de Verneuil et le duc d’Epernon. Traitée de folle, puis traduite en justice elle est condamnée à la perpétuité et meurt en prison non sans avoir transcrit son témoignage. Il est édité en 1616.
Mémoires de Condé… / [éditées par Denis François Secousse].- Londres, Paris : Chez Rollin fils; A La Haye : Chez P. de Hondt, 1743.
6 vol., portraits et plans.
Provenance : acq. vente de Stowe, 1849.
Les mémoires du Prince de Condé constituent une source fondamentale pour retracer l’histoire de l’assassinat d’Henri IV. L’interrogatoire de Ravaillac y est reproduit in extenso. On y trouve aussi trace de la surprise de l’assassin à voir le peuple en colère contre son geste, une preuve de la manipulation dont il aurait pu faire l’objet.
Mémoires pour servir à l’histoire de France / [Publiés par Denys Godefroy].- Cologne : Chez les héritiers de Herman Demen [Foppens], 1719.
2 vol. : portrait et fig. ajoutés.
Provenance : acq. coll. Cigongne, 1859.
Pierre de l’Etoile décrit par le menu le supplice de Ravaillac. C’est un récit assez fidèle des évènements. Dans son traitement de l’affaire le chroniqueur laisse subodorer la possibilité d’un complot dirigé contre Henri IV.
Henri IV et la princesse de Condé, 1609-1610 : précis historique par Paul Henrard.– Bruxelles : Société de l’Histoire de Belgique, 1870.
471 p.
Provenance : duc d’Aumale (envoi ms. de l’éditeur) .
La thèse d’un complot fomenté par l’Espagne trouve sous la plume de l’historien contemporain Jean-Christian Petitfils une nouvelle actualité. Ce volume, envoyé au duc d’Aumale, contient plusieurs pièces à l’appui de cette thèse.
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L’ère des Lumières toute entière tournée contre l’absolutisme s’achèvera en « apothéose » Révolutionnaire.
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Robert-François Damiens est un domestique sans emploi fixe. Le combat du Roi contre le parlement le révolte, son jansénisme est choqué par la conduite de l’entourage royal.
Damiens se décide à « avertir » d’une bien curieuse façon Louis XV. Le 5 janvier 1757 il est à Versailles, aperçoit le Roi, se porte à sa hauteur et le blesse légèrement avec un couteau-canif. Le Roi s’écrire « Qu’on l’arrête, mais qu’on ne le tue pas ». Si Damiens échappe alors à la mort il va subir le même sort que Ravaillac. Torturé il répond avoir agi seul « pour Dieu et pour le peuple ».
Harnaché sur un chevalet sa main coupable est brûlée au souffre, il est tenaillé, ses plaies remplies de plomb fondu, d’huile bouillante, de souffre et de poix, puis il est (difficilement) écartelé par six chevaux. Le supplice, longuement décrit par le sociologue Michel Foucault dansSurveiller et Punir dure une heure et quart.
La Henriade, poème de Voltaire, ornée de dessins lithographiques.– Paris : E. Dubois, 1825.
233 p.
Frontispice et planche par Dubois et C. Girardet, portr. par Mauzaisse et dessins lithogr. d’H. Vernet.
Provenance : legs du duc de Bourbon, 1830.
Plus de 150 ans après les faits Voltaire s’attache à la rédaction d’un poème épique consacré à Henri IV : la Henriade. Ce faisant il cherche à stigmatiser le fanatisme religieux. Le peintre Horace Vernet lorsqu’il illustre cette édition XIXe siècle met magnifiquement en scène le geste criminel du moine Jacques Clément symbole pour le philosophe des lumières de l’obscurantisme et de l’intolérance.
La Henriade.– Kehl : De l’imprimerie de la Société littéraire et typographique, 1785.
Portrait gravé de Moreau.
Provenance : legs de Madame Poisson, née La Coudray.
La Henriade s’enrichit également d’un essai intitulé « Dissertation sur la mort de Henri IV ». Voltaire s’y penche en historien sur l’évènement. Il examine de manière assez critique la thèse du complot. A ses yeux elle est de nature à dédouaner le seul et unique coupable : le fanatisme religieux.
Pièces originales et procédures du procès fait à Robert-François Damiens, tant en la prévôté de l’Hôtel qu’en la Cour de Parlement.– A Paris : Chez Pierre-Guillaume Simon, 1757.
610 p.: portrait.
Provenance : bibl. château de Chantilly (donation Biencourt-Poncins, 1939).
La tentative de Damiens contre Louis XV est passée à la postérité en dépit de son échec. Le règne est marqué par la contestation grandissante des parlements, la vie scandaleuse de l’entourage du Roi. Damiens, un homme sans attaches, a souhaité « avertir » le monarque des malheurs du peuple. Pour arme un canif, un coup retenu, l’intention criminelle n’est pas flagrante. Les circonstances de son geste sont précisément décrites dans les pièces de son procès.
Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt, écrits par lui-même…– Bruxelles : J. Rozez, 1879.
6 vol. Réimpression de l’édition de 1860.
Provenance : bib. château de Chantilly (legs Louis Bernier, 1919).
L’horrible supplice de Damiens a été redécouvert et popularisé par l’historien Michel Foucault dans son livre Surveiller et punir. Les récits d’époque sont rares. Et il est assez inattendu de trouver une relation complète de l’évènement dans les Mémoires de Casanova. Bien dans l’esprit de leur auteur le contraste entre libertinage et supplice y est saisissant.
Dictionnaire philosophique.– Kehl : De l’imprimerie de la Société littéraire et typographique , 1785.
Provenance : legs de Madame Poisson, née La Coudray.
La cruauté du supplice infligé à Damiens frappa bien des contemporains. Certes la peine ne pouvait être différente de celle infligée à Ravaillac. Mais l’ère des Lumières était advenue et une telle barbarie ne pouvait plus avoir cours. C’est ce que Voltaire défend dans un célèbre article de son Dictionnaire philosophique consacré au mot « Torture ».
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A l’époque les extrémistes se partagent en deux camps. Les Jacobins nostalgiques de la Révolution et les Monarchistes de l’Ancien Régime. Les Chouans frappent les premiers avec une méthode résolument moderne : une bombe.
Le 24 décembre 1800 les conspirateurs installent leur « machine infernale » à bord d’une charrette, la postent rue Saint-Nicaise à Paris sur le trajet du carrosse de Bonaparte. A son passage la bombe explose, épargnant sa cible, mais blessant et tuant une dizaine de personnes, dont la petite fille innocente chargée de garder l’attelage.
Napoléon accuse les Jacobins, une répression féroce s’abat sur eux. Fouché, Ministre de la Police, le détrompe est arrête les principaux instigateurs, exécutés le 20 avril 1801.
Les trois régicides, Jacques Clément, Ravaillac et Damien, au club des Jacobins.- De l’imprimerie du club jacobiste, l’an II de la tyrannie.
55 p.
Provenance : acq. coll. Cigongne, 1859.
La période révolutionnaire est propice à l’affirmation et à la modernisation des théories du tyrannicide. L’exécution du Roi Louis XVI en fut l’aboutissement, sous la forme d’un régicide « légal ». Dans ce curieux pamphlet de l’époque révolutionnaire les régicides Clément, Ravaillac et Damien sont en visite chez les Jacobins. Ils y dissertent sur les mérites et les faiblesses de leurs héritiers modernes.
Effrayante histoire des crimes horribles qui ne sont communs qu’entre les familles des rois. Par Mopinot, … – Paris : chez les directeurs de l’Imprimerie du Cercle social, 1793.
303 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Les républicains s’emparent également des régicides passés pour illustrer le caractère criminel de la monarchie. C’est tout l’objet de ce rare recueil qui compile les rois assassinés depuis les Parthes, en passant par les souverains ottomans et jusqu’au Tsar de Russie Charles Pierre en 1762. Ce recueil comme l’indique son sous-titre est « propre à former d’excellents républicains ».
Détails officiels sur le complot horrible tramé contre la vie du premier Consul Bonaparte.– Paris : De l’imprimerie de Ph. Vanderveken, 1800.
8 p.
Provenance : acq. coll. Cigongne, 1859.
Au terme de la période révolutionnaire la personne du Roi a disparu mais pas le pouvoir personnel. Au moment où il se concentre sur la tête du Ier Consul, Napoléon Bonaparte devient une cible. Cette pièce émanant des services de Joseph Fouché, Ministre de la police est relative à l’attentat spectaculaire perpétré contre lui rue Saint-Nicaise à Paris le 24 décembre 1800.
Mémoires de Joseph Fouché, duc d’Otrante, ministre de la Police générale.– Paris : Lerouge, 1824.
2 vol. ; portrait.
Provenance : legs du duc de Bourbon, 1830.
Fouché, dans ses Mémoires, raconte avec beaucoup de précision l’évènement. Bonaparte, à l’issue de l’attentat, est convaincu de la responsabilité des Jacobins dans cette tentative. Il déclenche contre eux une sévère répression. Les instigateurs sont en fait les monarchistes Saint-Régean, Limoléan et Carbon. Fouché remonte leur piste, puis arrête et fait exécuter deux d’entre eux le 20 avril 1801.
Notice abrégée sur la vie, le caractère et les crimes des principaux assassins aux gages de l’Angleterre.- A Paris : De l’imprimerie impériale, an 12-1804.
72 p.
Provenance : acq. coll Cigongne, 1859.
Le Ier consul sera durablement marqué par l’attentat de la rue Saint-Nicaise. Lorsque se dessine la conspiration de Pichegru, de Cadoudal et du général Moreau la réaction est immédiate. La police de Fouché veille et rien ne peut aboutir. Et c’est l’arrestation du Chouan Cadoudal qui précipita l’exécution du duc d’Enghien, soupçonné à tort d’être l’instigateur du complot visant Napoléon Bonaparte.
Histoire du Consulat et de l’Empire, faisant suite à l’Histoire de la Révolution française.– Paris : Paulin, 1845-1862.
21 vol. et 1 Atlas.
Provenance : duc d’Aumale (envoi autographe de l’auteur).
Thiers dans sa monumentale Histoire du Consulat et de l’Empire consacre un chapitre entier à la conspiration dite de la « machine infernale ». Il s’attache aussi à un évènement contemporain illustrant le caractère universel du régicide : l’assassinat du Tsar Paul Ier, Empereur de Russie, étranglé dans son lit dans la nuit du 11 au 12 mars 1801 à Moscou.
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L’assassin arrêté sur les lieux, Pierre Louvel, est animé par la haine des Bourbons. Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe le dépeint : « un jeune homme à figure sale et chafouine, comme on en voit des milliers sur le pavé de Paris. Il tenait du roquet ; il avait l’air hargneux et solitaire. Il est probable que Louvel ne faisait partie d’aucune société ; il était d’une secte, non d’un complot ; (…) Son cerveau nourrissait une seule pensée, comme un cœur s’abreuve d’une seule passion. Son action était conséquente à ses principes : il avait voulu tuer la race entière d’un seul coup.».
Louvel est jugé et exécuté le 14 février 1820. Mais il a échoué ; six mois plus tard un fils posthume naît de sa victime.
Précis historique sur l’horrible assassinat commis à l’Opéra, le 13 février 1820, par Louis-Pierre Louvel.– Paris : Delarue, 1820.
108 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Le duc de Berry occupera un jour le trône de France. Le geste de Louvel est un régicide « préventif » et une tentative de mettre un terme à la lignée des Bourbons. Ce meurtre ouvre une période de contestation par la violence du principe monarchique.
Longueur : 23 cm.
Provenance : Archives nationales de France.
Le poignard de Louvel est conservé aux Archives Nationales comme pièces à conviction du procès de l’assassin du duc de Berry.
Mémoires, lettres et pièces authentiques touchant la vie et la mort de S.A.R. Monseigneur Charles-Ferdinand-d’Artois, fils de France, duc de Berry.– Paris : Le Normant, 1820.
302 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Chateaubriand est le grand témoin de la Restauration. Il a écrit une biographie du duc de Berry après sa mort. L’écrivain fait un parallèle saisissant entre les prémonitions d’Henri IV et celle de son descendant avant l’attentat.
Récit douloureux et pénible de l’horrible attentat commis sur l’auguste personne de S. A. R. monseigneur le duc de Berry…– Paris : De l’imprimerie de C.-F. Patris, 1820.
8 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Immédiatement arrêté Louvel est jugé par la Cour des pairs. Ce tribunal spécial juge les crimes contre l’Etat. Condamné le 6 juin 1820 à la peine capitale. Il est guillotiné le lendemain.
Regrets des Français, de la mort de son altesse royale Monseigneur le duc de Berry…– Toulouse : Imprimerie de B. Despax, [1820].
8 p.
Provenance : duc d’Aumale.
La mort du duc de Berry frappe les esprits. Elle est propice à l’expression d’un chagrin populaire, véhiculé par des chansons écrites pour la circonstance.
Paris : De l’imprimerie de Brasseur, [1820].
4 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Cette brochure s’attache à la biographie de Pierre Louvel. Son enfance, son caractère, son physique sont ainsi détaillés. Ce texte marque un attrait nouveau pour la personnalité des criminels qui va aller croissant au fil du siècle.
pp. 664-665.
Provenance : bibl. château de Chantilly (legs Spoelberch de Lovenjoul, 1907).
Le Voleur est un journal littéraire et d’actualité reprenant des articles parus par ailleurs, d’où son titre. Il livre un récit complet de l’attentat spectaculaire de Fieschi contre Louis-Philippe.
Histoire de la Vie privée et politique de Louis-Philippe par M. A. Dumas.– Paris : Dufour et Mulat, 1852.
2 vol.
Provenance : duc d’Aumale.
L’écrivain Alexandre Dumas est l’auteur d’une biographie du Roi Louis-Philippe. Dumas, son contemporain, bien que républicain, livre un portrait assez équilibré du père du duc d’Aumale et de son règne. Il s’attache aux différents attentats dont Louis-Philippe fut la cible.
Vingt cinq ans à Paris (1826-1850) : journal du comte Rodolphe Apponyi. – Paris : Plon, 1913.
Provenance : duc d’Aumale.
Apponyi attaché à l’Ambassade d’Autriche à Paris du temps de Louis-Philippe a laissé des souvenirs très intéressants. Ils sont traduits au début du XXe siècle. Témoin direct de l’attentat il évoque l’émotion violente causée par l’évènement chez la reine Marie-Amélie et ses imprécations contre les Français, « peuple d’assassins ».
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C’est le cas du corse Fieschi le 18 juillet 1835. Ancien militaire, sans réelle conviction politique, lui et ses complices Pépin et Morey installent une machine infernale, une mitrailleuse rudimentaire, boulevard du temple ou le Roi passe en revue la Garde Nationale. La détonation, formidable, fauche la moitié de l’escorte. Mais le Roi est indemne au milieu de dix morts et quarante blessés. Fieschi et ses complices sont arrêtés, jugés et exécutés le 14 février 1836 quoique Louis-Philippe ait répugné à les voir condamnés à mort.
D’autres tentatives se succèdent (Alibaud, Darmès, Meunier, Lecomte, Quenisset). Le sort d’Alibaud, un républicain idéaliste, émeut George Sand. A son tour le duc d’Aumale est visé par l’attentat du socialiste Quenisset en 1840.
Plâtre.
Provenance : Musée de l’Homme – Museum d’Histoire Naturelle.
Pépin a logé et assisté Fieschi. Il n’échappe pas à la guillotine ni au regard de la science. Sa tête est elle aussi moulée pour devenir un objet d’étude. Il est affublé du qualificatif de « conspirateur », esquisse d’une classification des types physiques de criminels devenant à la mode dans la seconde partie du XIXe siècle.
Plâtre.
Provenance : Musée de l’Homme – Museum d’Histoire Naturelle.
Morey a aidé Fieschi à confectionner l’arme du crime, la machine infernale. Il a acheté les canons de fusils qui assemblés sont devenus une mitrailleuse. Le troisième homme aura lui aussi les faveurs de la science. Sa tête, comme celle de ses complices, enrichira les collections médicales consacrées aux criminels.
Plâtre.
Provenance : Musée de l’Homme – Museum d’Histoire Naturelle.
Fieschi et ses complices sont guillotinés le 19 février 1836. Les traits de Fieschi (tout particulièrement son front bosselé) intriguent les savants. « La tête de Fieschi, dira l’un d’eux, qui, à elle seule, en vaut cent autres ». Elle porte la trace, la preuve de son penchant meurtrier. Sa tête est moulée après son exécution afin de l’étudier. La phrénologie, la science des crânes, est alors en vogue.
« Fantaisie », Le Magasin Pittoresque, 1843.
pp. 108-109.
Provenance : bibl. château de Chantilly (legs Spoelberch de Lovenjoul, 1907).
Le caricaturiste Grandville dans cette « Fantaisie » illustre la conviction que le physique et un reflet fidèle du moral. Il dépeint l’évolution vers le crime de l’homme portant le vice en lui. C’est aussi la preuve d’un intérêt croissant du grand public pour les criminels.
Les Régicides : Fieschi, la machine infernale.– Paris : E. Dentu, 1888.
370 p.
Provenance : duc d’Aumale.
Non content d’inspirer les médecins la tête de Fieschi passionne aussi les artistes. Les peintres Raymond Mascassat ou Hugues Foureau lui consacrent plusieurs études. René de Pont-Jest – accessoirement grand-père de Sacha Guitry – utilise l’une d’elles comme frontispice de son volume historique sur l’affaire Fieschi.
L’Art de connaître les hommes par la physionomie, par Gaspar Lavater.– Paris : Dépelafol, 1820. .
10 vol.
Provenance : legs du duc de Bourbon, 1830.
Les travaux de Lavater sont à la source de l’intérêt du XIXe siècle pour les liens entre le physique et le moral. Le crime et le vice peuvent être visible à l’œil nu, sur la face et la tête des criminels. C’est ce que prouvent les dessins du caricaturiste Hogarth figurés ici.
Taille : 45×29 cm.
Provenance : Archives nationales de France.
Le Corse Fieschi est un ancien militaire sans attaches, ni idéologie. Condamné pour faux, il se réfugie à Paris. Ses motivations demeurent obscures. Lors de l’attentat il est sérieusement blessé par la machine infernale. La police le découvre inanimé sur les lieux, avec sur lui un paquet de poudre, un canif et ce fléau à trois branches.
pp. 570-572.
Provenance : bibl. château de Chantilly (legs Spoelberch de Lovenjoul, 1907).
Louis-Philippe est victime d’une autre tentative en juin 1836. Bien différente de la précédente, elle est le fait d’un tout jeune idéaliste républicain : Alibaud. Il tire au passage du carrosse du Roi avec une canne fusil. Louis-Philippe échappe de peu à la mort, une nouvelle fois.
Révolution française. Histoire de dix ans : 1830-1840.– Paris : Pagnerre, 1846.
5 vol.
Provenance : duc d’Aumale
Le socialiste Louis Blanc, opposant du régime de Louis-Philippe, dépeint dans ses mémoires le régicide Alibaud. Son geste est motivé par le souvenir de la sanglante répression monarchiste de 1832. Louis Blanc souligne la pureté de ses intentions. Son exécution le 11 juillet 1836 émeut les républicains dont Georges Sand.
Attentat du 13 septembre 1841. Arrêt du jeudi 18 novembre 1841 : acte d’accusation.– Paris : Imprimerie royale, 1841.
69 p.
Provenance : duc d’Aumale
Le 13 septembre 1841, le duc d’Aumale, retour d’Afrique, est lui-même victime d’une tentative d’attentat au moment où il défile à la tête de ses troupes victorieuses. L’auteur des coups de feu est Quenisset un ouvrier. Le mouvement socialiste naissant est soupçonné d’être lié à l’attentat, une féroce répression s’en suit. Cependant le régicide condamné à mort est gracié par le Roi.
Le Roi Louis-philippe et le droit de grâce, 1830-1848 : lecture faite par M. le duc d’Aumale dans la séance de l’Académie française du 18 mars 1897.– Paris : Calmann Lévy, 1897.
42 p.
Provenance : duc d’Aumale
Le dernier texte écrit par le duc d’Aumale est justement consacré à l’exercice du droit de grâce par son père Louis-Philippe. Aumale décrit le cas de conscience qu’a pu représenter cette prérogative pour le Roi, tout particulièrement lors d’actes commis contre sa personne. Même Fieschi et ses complices, en dépit de leur crime horrible et du grand nombre de victimes, n’ont pu être graciés, à regret.
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Le phénomène devient mondial. Présidents américains (Lincoln en 1865, Garfield en 1881, Mac Kinley en 1901), Tsar de toutes les Russies (Alexandre II en 1881), rois européens (Umberto Ier d’Italie en 1900, Charles Ier de Portugal en 1908) tombent sous les coups de leurs assassins.
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L’installation définitive de la République en 1875, pourrait laisser penser que l’ère des régicides est révolue. Les anarchistes prennent le relais au début des années 1890. En France le Président Sadi Carnot qui a refusé la grâce des anarchistes Ravachol et Vaillant, est poignardé à mort par leur camarade Caserio le 24 juin 1894.
La terreur anarchiste est européenne. Elle vise les monarques comme leurs familles.
Le meurtre de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche -Sissi- par l’anarchiste Luccheni, venu à Genève afin de tuer le Prince d’Orléans, annonce d’autres attentats politiques au XXe siècle, aux conséquences funestes.
Longueur : 35 cm.
Provenance : Musée Locard – Ecole Nationale Supérieure de la Police .
L’assassinat perpétré par Caserio n’a quasiment pas été prémédité. Le couteau a été acheté au hasard chez un armurier.
Discours du bâtonnat : défense de Félix Orsini.– Paris : Jules Hetzel, 1867.
335 p.
Provenance : duc d’Aumale
Le retour de l’Empire avec Napoléon III concentre sur le nouveau régime les attaques monarchistes et républicaines. C’est pourtant de l’étranger que vient le coup le plus dur, avec l’attentat d’Orsini patriote italien. Le républicain Jules Favre fut son avocat.
L’Attentat d’Orsini.– Paris : Hachette, 1927.
224 p.
Provenance : bibl. du château de Chantilly (envoi autographe de l’auteur à Gustave Macon).
Orsini et ses complices jettent des bombes sur le cortège Impérial, en route vers l’Opéra, le 14 janvier 1857. Le carrosse blindé protège l’Empereur mais on déplore 12 morts et plus de 150 blessés. Orsini est condamné à mort avec ses complices le 13 mars 1858, non sans en avoir appelé à Napoléon III pour soutenir l’indépendance italienne.
Discours du bâtonnat : défense de Félix Orsini.– Paris : Jules Hetzel, 1867.
pp. 544-545
Provenance : duc d’Aumale
L’installation de la République à partir de 1875 n’éloigne par le péril. Le Président de la République constitue une cible tout aussi valable que le roi ou l’empereur. L’assassinat perpétré par Sante Caserio n’a quasiment pas été prémédité. L’Italien venu de Sète le 24 juin 1894 à même dû achever son voyage vers Lyon à pied. Il passe sans difficulté les barrages de police et frappe mortellement Sadi Carnot au cri de « Vive la Révolution ».
pp. 544-545
Provenance : duc d’Aumale
Caserio est anarchiste. Il a voulu venger Ravachol et Vaillant dont Sadi Carnot avait refusé la grâce. Son procès fait apparaître sa faiblesse psychologique, son épilepsie. Pour la science d’alors c’est un « dégénéré ». Comme Clément et Ravaillac étaient des illuminés, animés par la religion, Caserio est le jouet de la propagande anarchiste. Les « Lois scélérates », bafouant les libertés publiques, vont bientôt l’interdire.
pp. 86-87.
Provenance : duc d’Aumale
C’est Sadi Carnot qui par un décret de 1889 avait autorisé le duc d’Aumale à revenir en France lors de son second exil (1886-1889). Les funérailles du Président se déroulent à Notre-Dame devant les corps constitués. La photographie dont l’usage se répand témoigne de l’évènement.
Agenda pour l’année 1894.
Format : 21 x 13.5 cm
Provenance : Archives du château de Chantilly
Le duc d’Aumale tient un agenda au quotidien dans lequel il inscrit ses activités et les évènements importants. Le lendemain de l’assassinat du Président Carnot, le 25 juin 1894 il inscrit : « Carnot assassiné par un Italien ».
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Ernst Kantorowicz, Les deux corps du roi, Paris, Gallimard<, 1989.
Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1976.
Jacques Chabanne, Les régicides, Paris, Perrin, 1968.
Pierre Chevalier, Les régicides : Clément, Ravaillac, Damiens, Paris, Fayard, 1989.
Jacques Clément
Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : L’assassinat d’Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, 2006.
Jérôme et Jean Tharaud, La tragédie de Ravaillac, Paris, Emile-Paul, 1913.
Roland Mousnier, L’assassinat d’Henri IV, 14 mai 1610, Paris, Folio, 1992.
Jean-Christian Petitfils, L’assassinat d’Henri IV : Mystères d’un crime, Paris, Perrin, 2009.
Jean-François Bège, Ravaillac, l’assassin d’Henri IV, Bordeaux, Editions « Sud Ouest », 2010.
Anne-Léo Zévaès, Damiens le régicide, Paris, Editions de la Nouvelle revue critique, 1933.
Berthe Thelliez, L’Homme qui poignarda Louis XV : Robert François Damien (1715-1757), Paris, Tallandier, 2002.
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, éd. Etablie par Maurice Levaillant. et Georges Moulinier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléaide, 1990-1991.
Jean Lucas-Dubreton, Louvel le régicide, Paris, Perrin, 1923.
Alexandre Dumas, Histoire de la vie politique et privée de Louis-Philippe [1853], Paris, Orban, 1980.
Maxime Du Camp, Les ancêtres de la Commune : l’attentat de Fieschi, Paris, Charpentier, 1877.
Jean Prasteau, L’orgue du diable, Paris, Presses de la Cité, 1991.
Orsini et Caserio
Adrien Dansette, L’attentat d’Orsini, Paris, Del Duca, 1964.
Edmond Locard, Le crime inutile, Paris, Editions de la Flamme d’or, 1954.
Pierre Truche, L’anarchiste et son juge : à propos de l’assassinat de Sadi Carnot, Paris, Fayard, 1994.