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Bibliothèque et Archives du Château de Chantilly
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Ils fonctionnaient sans autorisation du pouvoir royal et sans souci de rentabilité. Ils étaient établis par des personnalités qui n’appartenaient pas au milieu de l’imprimerie et n’avaient pas de compétence technique. Ces personnalités choisissaient les textes, assuraient le financement, réunissaient le matériel nécessaire (caractères typographiques et presses), l’installaient dans un lieu privé, recrutaient les ouvriers qualifiés, organisaient les opérations et décidaient des tirages généralement peu élevés. La diffusion des livres ainsi produits n’était pas soumise aux contraintes des circuits habituels de la librairie.
Les promoteurs de ces imprimeries privées sont, dans leur grande majorité, des membres cultivés de la noblesse. Il y eut aussi quelques notables provinciaux, quelques érudits spécialistes d’une discipline, un religieux, un artisan, un polygraphe.
Leur objectif le plus fréquent est d’établir et faire connaître librement un texte à l’intention d’un public restreint et prédéterminé, sans contrôle étatique et sans sujétion économique, dans la présentation typographique de leur choix. Ces personnalités sont généralement les auteurs des textes ou les responsables de leur mise au point. Il s’agit souvent d’ouvrages littéraires ou savants, ou encore de publications politiques de justification personnelle dissimulée derrière une apparence historique. Dans d’autres cas moins fréquents, il s’agit d’œuvres à thème religieux ou à sujet licencieux. Parfois, l’imprimerie est seulement une occupation de loisir gratifiante et le texte n’est que le support d’un projet bibliophilique. Education, enseignement et activité ludique sont conjugués dans le cas des imprimeries des enfants royaux.
Au début du XIXe siècle, Napoléon Ier mit un terme à la tolérance qui était accordée aux imprimeries privées. Quelques ateliers français fonctionnèrent encore à l’étranger, notamment, en Angleterre, celui du duc d’Orléans, père du duc d’Aumale.
Les productions des imprimeries privées n’étaient pas des publications clandestines, car elles étaient tolérées par le pouvoir royal. Elles n’étaient pas non plus des éditions dites “à compte d’auteur”, car celles-ci sont faites par des ateliers et des éditeurs professionnels contre rémunération. Mais, à certains égards, ces lieux voués à des activités à la fois culturelles et manuelles peuvent être considérés comme les lointains ancêtres des petites imprimeries personnelles où, aujourd’hui, sont élaborés certains des “livres d’artistes” contemporains.
Tous les livres issus des imprimeries privées sont rares. Ils furent dès le XVIIIe siècle activement recherchés et sauvegardés par les collectionneurs. Le duc d’Aumale en a réuni au XIXe siècle un ensemble représentatif, soit par l’importance des textes, soit par leur intérêt historique.
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Parmi les imprimeries françaises du XVe siècle, cette imprimerie a la particularité d’être dénommée souvent, par les historiens, non d’après les patronymes des imprimeurs praticiens, mais par sa localisation parisienne, l’atelier de la Sorbonne. En effet, il s’agit essentiellement d’une “entreprise universitaire qui tenait du mécénat une partie de son support financier” (J. Veyrin-Forrer) et les premiers livres publiés à Paris sont des “examples of private printing” (A. Claudin). Ceux-ci sont des textes d’auteurs classiques ou humanistes s’adressant à une communauté restreinte d’étudiants et de lettrés. Ils sont imprimés à l’aide d’un caractère romain (et non gothique) familier seulement à cette audience limitée.
Cette imprimerie non directement lucrative a nécessairement bénéficié de nombreux concours parmi lesquels se distingue celui du cardinal Jean Rolin, fils aîné du célèbre chancelier Rolin. Fichet a lui-même mentionné que ce lettré fortuné l’a “subventionné de la manière la plus large”.
Après le départ des deux sorbonnistes Fichet et Heynlin en 1472, les trois imprimeurs allemands quitteront en 1473 les locaux du collège de Sorbonne et installeront un nouvel atelier qui est désormais une véritable entreprise à but commercial.
Paris, Ulrich Gering, Martin Crantz et Michael Friburger, 1471 [1472 nouveau style]. In-folio.
Exemplaire à toutes marges et réglé. Notes manuscrites dans les marges.
Reliure anglaise, XVIIIe siècle. Maroquin rouge, bordure et motif central dorés.
Provenance : Charles Spencer comte de Sunderland (cat. n° 3047) – duc d’Aumale (acq. vente Sunderland, Londres, 1882, 31 £).
IX-H-016
Onzième publication de l’atelier de la Sorbonne. Elle comporte en tête une épître adressée à Jean Heynlin par Guillaume Fichet, datée du 9 mars 1471. Dans cette lettre, Guillaume Fichet mentionne deux impressions de l’atelier (Cicéron, De Oratore et Valère-Maxime) dont aucun exemplaire n’est conservé.
Bibliographie
Anatole Claudin, Private Press in France during the Fifteenth century, 1896.
Anatole Claudin, Les Origines de l’imprimerie à Paris : la première presse de la Sorbonne, Paris, 1899.
Anatole Claudin, Histoire de l’imprimerie en France au XVe et XVIe siècles, Paris, 1900, tome I, p. 44.
Léopold Delisle, Chantilly, le Cabinet des livres : imprimés antérieurs au milieu du XVIe siècle, Paris, 1905, n° 467.
Jeanne Veyrin-Forrer, Hommage aux premiers imprimeurs de France, Paris, 1970.
Jeanne Veyrin-Forrer, “Aux origines de l’imprimerie française : l’atelier de la Sorbonne et ses mécènes (1470-1473)”, in : La Lettre et le texte, Paris, 1987, p. 161-188.
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2. Olivier Maillard, La Confession
Paris, Collège de Narbonne, 1481. In-8°.
Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée F. Koehler. Maroquin vert.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n°73) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
IV-B-058
Seul exemplaire connu de cette première parution de la Confession d’Olivier Maillard, en 1481, qui apparaît due à une presse probablement privée et par ailleurs inconnue. Premier livre de petit format imprimé en France.
On ne connaît aucune autre impression portant, comme ce livre, l’adresse “A Paris, au collège de Narbonne”. On ne connaît également aucune autre impression faite avec la même fonte typographique. Elle a été attribuée par A. Claudin, d’après les caractères typographiques, à un imprimeur parisien, Simon Doliatoris de Prusia. Mais un examen plus précis a fait rejeter cette attribution (cf. BMC).
Le collège de Narbonne fut fondé en 1316 par l’archevêque de Narbonne, Bernard de Farges, dans une maison qu’il possédait rue de la Harpe, dans le quartier de la Sorbonne. A la fin du XIVe siècle, il possédait une bibliothèque, dont le fonctionnement est décrit dans les statuts, mais nous ne possédons aucun renseignement sur l’installation d’une imprimerie dans ses locaux. Ce collège disparaîtra au XVIIIe siècle, ainsi que les livres de sa bibliothèque.
L’adresse laconique très particulière de l’impression, unique à Paris aux XVe et XVIe siècles, faisant référence à un lieu universitaire et non professionnel, ainsi que les caractéristiques matérielles de ce livret (notamment le format) peuvent conduire à formuler l’hypothèse qu’il s’agit d’une production d’une imprimerie à caractère non commercial, dotée d’un matériel très simple, publiant discrètement l’œuvre d’un prédicateur populaire, mais alors objet de la malveillance du roi Louis XI.
Olivier Maillard (vers 1430–1502) moine franciscain breton, laisse plus de cinq cents sermons, surtout en français, des poésies et divers petits traités religieux. Distincte de sa Confession générale, la Confession, dont il existe une copie manuscrite datée de 1475, est le plus ancien texte en français et daté de Maillard. Il fut écrit à Poitiers où l’auteur avait prêché pour le Carême.
Bibliographie
Alfred Franklin, Histoire générale de Paris : Les anciennes bibliothèques de Paris, Paris, 1867-1873, tome 1, p. 409-410.
“Bibliographie maillardine”, in : Œuvres françaises d’Olivier Maillard : sermons et poésies, publiées par Arthur de La Borderie, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1877, p. 163-166.
Anatole Claudin, Histoire de l’imprimerie en France au XVe et XVIe siècles, Paris, 1900, tome I, p. 285.
Léopold Delisle, op. cit., n° 1156.
Short-Title Catalogue of books printed in tfrance and of French Books printed in other countries from 1470 to 1600 now in the British Museum, London, 1924, Part VIII, p. 54
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Si les noms des acteurs sont ainsi bien connus, le projet de cette imprimerie reste moins clair. Elle fut installée dans un petit bourg rural, loin des centres actifs de diffusion des livres. Elle disposa d’un unique matériel restreint, une “bâtarde” en deux corps et d’un unique approvisionnement en papier. Le savoir-faire de ses deux praticiens est limité et toutes les publications, modestes, sont sur un modèle unique : même format (petit in-4°), donc même imposition, même justification, même nombre de lignes.
Il apparaît avec évidence que cette entreprise est due à l’initiative déterminante du seul Jehan de Rohan, seigneur du Gué de l’Isle, chef d’une branche cadette, dont le château se situait dans la paroisse de Saint-Etienne du Gué de l’Isle, à six kilomètres de Bréhant-Loudéac. “Pas même, malgré son grand nom, un grand seigneur, [c’est lui] qui appelle les imprimeurs, les protège et fait les frais” (A. de Laborderie).
Sans doute aussi faut-il déceler ses goûts personnels dans le choix des textes, tous en français, qui forment une sorte de petit corpus de lecture de textes à la fois religieux et littéraires ainsi que de vie pratique, à l’intention d’un public de voisinage, des “simples gens qui n’ont eu et n’ont d’opportunité d’estudier”, comme l’indique le prologue d’un des ouvrages.
Cette imprimerie eut une vie très brève, à peine une année. Seul Jehan Crès reprendra son activité d’imprimeur en 1491 à l’abbaye de Lantenac, à quelques kilomètres du Gué de L’Isle, où il imprimera deux ouvrages.
Lantenac, à quelques kilomètres du Gué de L’Isle, où il imprimera deux ouvrages.
3. [Pseudo Bernard de Clairvaux], Cy s’ensuit une belle doctrine et enseignement que saint Bernart envoya à Ramon, chevalier seigneur de Chasteau Ambroise
S.l.n.d., [Bréhant-Loudéac, Robin Foucquet et Jehan Crès, vers 1485]. In-4°, 4 f.
Reliure française, XIXe siècle, signée Hippolite Duru, 1851. Maroquin rouge.
Provenance : vente anonyme (1815) – Hibert (acq. vente 1815, 50 F) – Lang (acq. vente Hibert, 79 F) – Héber (acq. vente Lang, 105 F) – Charles Nodier (acq. vente Héber, 228 F, cat. 1844 n° 294) – Armand Cigongne (acq. vente Nodier, 80 F, cat. n°71) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
III-F-039
Seul exemplaire connu de la première parution de cette traduction française du De Gubernatione rei familiaris faussement attribué à saint Bernard de Clairvaux.
Ce livret de quatre feuillets ne porte ni lieu d’impression, ni nom d’imprimeur, ni date, mais il a toutes les caractéristiques des productions de l’imprimerie de Bréhant-Loudéac. Il fut attribué à cet atelier par Léopold Delisle dès 1905. Par la suite, une attribution erronée à un imprimeur resté anonyme, Jp A, à Tréguier, a empêché qu’il soit mentionné dans les recensements de l’imprimerie de Jehan de Rohan. Cette onzième impression doit donc être ajoutée aux dix déjà recensées.
Bibliographie
Arthur de La Borderie, Histoire de l’imprimerie en Bretagne au XVe siècle : études sur les incunables, Nantes, 1878.
Anatole Claudin, Histoire de l’imprimerie en France aux XVe et XVIe siècles, Paris, s.d., t. 5 (épreuves).
L. Delisle, op. cit., n° 244.
GW 3988.
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En outre, il fonda sa propre imprimerie, “sa presse militante et privée” (A. Jammes). Le premier livre qui en est issu porte la date de 1547, mais ce projet fut certainement précédé de longs préparatifs. La direction de la nouvelle officine est confiée à un neveu de Jean de Gagny, Nicolas Le Riche, qui exprimera sa dette envers son oncle dans le prologue du premier livre : “L’homme mérite ma reconnaissance qui, seul et à ses frais, nous a poussés vers cette entreprise”. Elle produira en trois années une vingtaine de livres qui dénotent une activité et des investissements importants. Elle disparaîtra en 1549 à la mort de son protecteur.
Pour son imprimerie, Jean de Gagny finance un nouveau caractère italique spécial, imité de celui des Alde, gravé par un orfèvre de Tours, maître Charles Chiffon. L’officine de Jean de Gagny est la première imprimerie privée qui dispose d’un caractère conçu dans un projet esthétique, comme Nicolas Le Riche l’avait annoncé dans l’avis au lecteur d’un ouvrage, imprimé “avec ses nouveaux caractères comme échantillon de l’officine typographique que nous avons installée depuis peu”.
Paris, Nicolas Le Riche, 1547. In-8°.
Exemplaire réglé.
Reliure française, XVIe siècle. Veau brun, bordure et cadre estampés à froid et dorés, fers azurés, semé de flammes et trois croissants dorés, tranches dorées et ciselées. Panneaux anciens remontés sur une nouvelle reliure.
Provenance : Diane de Poitiers ? (emblème sur la reliure) – Armand Cigongne (cat. n° 11) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
VIII-E-002
Deuxième livre sorti de l’imprimerie de Jean de Gagny, qui est également auteur de cette version versifiée en latin des Psaumes. A l’adresse, on trouve le nom de Nicolas Le Riche qui dirige l’officine ainsi que l’adresse, 6 rue des Prêtres–Saint-Etienne-du-Mont. Elle est surmontée par la marque aux ancres géminées qui à la fois fait référence à la célèbre marque aldine et symbolise les cultures grecque et latine.
Nicolas Le Riche y atteste une nouvelle fois le rôle du mécène : “A son seul crédit tu dois porter le fait que les caractères aldins, morts, ou longtemps cachés en Italie, aient ressuscité en Gaule. En effet, ces caractères, qui égalent presque ceux des Aldes, gravés à ses frais pour moi, il a voulu qu’ils sortent en public par moi pour le bien des studiosi”.
Bibliographie
Léopold Delisle, op. cit., n° 799.
André Jammes, “Un bibliophile à découvrir, Jean de Gagny”, Bulletin du bibliophile, 1996, p. 35-80.
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S.l.n.d. In-8°, 5 p. (4 f., dernier blanc)
Reliure française, XVIIe siècle. Parchemin.
XXIX-C-012-(22)
Pièce satirique sans nom d’auteur, sans lieu ni date de publication, “sortie, sans aucun doute, d’une imprimerie particulière de province” (Brunet).
Monologue (et non dialogue comme l’indique le titre), en vers, de Gabrielle d’Estrée (1573-1599), maîtresse de Henri IV. Sous forme d’une confession publique, elle fait le récit cynique de sa carrière amoureuse, interrompue par une mort soudaine, alors que le roi songeait à l’épouser :
“ Dès mon jeune âge aux délices nourrie
J’ay mis mon cœur au vice…
Pour quelque fard qui luisait en ma face
Le Roy se plut aux beautés de mon corps…
Ce n’est pas tout, telle était ma puissance
Que dans un mois, j’eusse été Royne de France ”
La publication de cet opuscule violent a évidemment des implications politiques avec le mariage de Henri IV et Marie de Médicis en 1600. Le texte figure dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale de France Fr 24322 (Gaignières 2866).
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S.l.n.d. [vers 1605]. In-8°, 8 f.
Reliure française, XIXe siècle. Demi-veau fauve.
Provenance : Armand Cigongne (ex-libris) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
IV-F-047
Première et unique mise au jour d’un recueil de textes poétiques composé pour être offert en étrennes. Seule œuvre connue de l’auteur. Seul exemplaire connu, jamais recensé dans les bibliographies.
Ni le lieu ni la date d’impression ne sont indiqués, mais la date peut être restituée d’après une allusion dans le texte (f. 3v), où le nom de l’auteur est également précisé (f. 7r).
L’auteur souligne à la fin de l’ouvrage que, par une intention précise, cette impression a la particularité d’être “non ponctuée” (sauf à la fin des parties du texte). Il y indique aussi expressément qu’il a réalisé lui-même le travail : “Ceste impression…, échantillon de mes labeurs est pour les amis non pour estre encores en publicq”. L’exemplaire comporte deux corrections manuscrites (f. 2v et f. 6r) rectifiant des erreurs typographiques.
Les étrennes littéraires étaient, depuis Marot, un genre littéraire spécifique, dont la vogue ira croissante.
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Il eut recours aux services et au matériel typographique d’un imprimeur de Niort, Jean Moussat, actif de 1615 à 1627, lui-même huguenot. La seule voie d’accès de Niort à Maillé étant la Sèvre, les presses furent transportées depuis Niort par bateau. Elles furent installées à l’écart de la résidence, dans un donjon sur les rives de la Sèvre, en un lieu dénommé sur certaines pages de titre “sur les ruines d’Oignon”. C’est là que furent imprimées de 1616 à 1620 les premières éditions – et parfois les éditions successives – des œuvres d’Aubigné, ainsi que quelques autres œuvres militantes.
Sur la plupart des ouvrages, l’adresse de Maillé est indiquée explicitement, ainsi que le nom de l’imprimeur. Il ne s’agit donc pas d’éditions clandestines. Aubigné avait voulu une imprimerie privée afin de pouvoir publier ses œuvres à sa guise, sans autorisation, sans contrôle hors le sien. Elles furent vite l’objet de contrefaçons difficiles à distinguer des éditions originales.
Au Dézert, par L.B.D.D., 1616. In-4°.
Reliure française, XIXe siècle, signée Petit successeur de Simier. Veau fauve, au chiffre du duc d’Aumale.
IV-E-098
Edition originale du grand texte poétique d’Aubigné. Première impression faite dans l’imprimerie privée de Maillé, avec l’adresse nostalgique “au dézert”, qui sera reprise pour des éditions faites à Genève après 1620.
A la fin de la composition typographique du texte, deux lignes se retrouvaient seules au recto du premier feuillet du dernier cahier. Il y avait donc presque huit pages à employer. Aubigné composa un avis au lecteur signé Prométhée : “L’imprimeur est venu se plaindre à ce matin de n’avoir que deux vers pour sa dernière feuille, j’ay mis la main sur l’inscription que vous verrez”. Le texte ajouté, A la France délivrée, soit pour jamais sacrée (3 pages), avait été composé antérieurement par d’Aubigné à la demande de Henri IV. Il est suivi d’un avis de l’imprimeur au lecteur : “J’ai eu plaisir de voir couronner le livre de cette pièce rare”, signalant que ce texte avait été déjà contrefait et publié sans nom d’auteur. Ce double ajout révèle les libres conditions de la production des impressions de Maillé et la collaboration amicale de l’auteur et de l’imprimeur. Une deuxième édition des Tragiques fut également faite à Maillé en 1617.
A Maillé, Jean Moussat, 1616, 1618, 1620. In-folio, 3 vol.
Reliure française, XIXe siècle, signée Lortic. Maroquin brun, au chiffre du duc d’Aumale (OHR 2588)
Provenance: Jean-Jacques Barillon de Morangis (chiffre BBI de l’ancienne reliure conservé sur un feuillet de garde) – Stuart de Rothesay – duc d’Aumale (acq. vente Rothesay).
XII-A-036, XII-A-037, XII-A-038
Edition originale de la grande œuvre historique d’Aubigné, qui y donne sa relation personnelle des guerres de religion auxquelles il a participé. Le plus volumineux ouvrage (2 volumes in-folio) issu de l’imprimerie de Maillé. L’adresse “A Maillé” est explicitement indiquée, ainsi que le nom de l’imprimeur.
Dès son achèvement, l’ouvrage fut condamné à être brûlé par un arrêt du Parlement de Paris (2 janvier 1620) et l’auteur et l’imprimeur furent condamnés à être “pris au corps et amenés es prison du Châtelet”. Aubigné dut s’exiler à Genève où il publia une édition augmentée de l’Histoire universelle à la fausse adresse d’Amsterdam. L’imprimeur put cependant continuer son activité à Maillé et à Niort. Malgré cette condamnation, il subsiste de nombreux exemplaires de cette monumentale impression de Maillé.
Bibliographie
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 5173, II., p. 73.
Edmond Werdet, Histoire du livre en France, T. II, Paris, 1864, p. 320.
Philomneste junior [G. Brunet], Recherches sur les imprimeries imaginaires, clandestines et particulières, Bruxelles, 1879, p. 3-4.
A. Van Bever, “Essai de bibliographie d’Agrippa d’Aubigné”, Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme français, 1905, p. 228-258.
Jacques Pannier, “Agrippa d’Aubigné et son imprimeur à Maillé”, Bulletin de la société de l’histoire du protestantisme français, 1927, p. 490-493.
Louis Desgraves, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle, Bibliotheca bibliographica Aureliana, Baden-Baden, 1980, tome VI, p. 61-67.
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Gaspard de Saulx, seigneur de Tavannes, (1509-1573), servit activement le pouvoir royal pendant les règnes de Henri II et de Charles IX. Il fut lieutenant général au gouvernement de Bourgogne en 1556 et maréchal de France en 1570. Il n’écrivit point ses mémoires, qui furent rédigés par son deuxième fils, Jean de Saulx, vicomte de Tavannes, baron de Sully (1555–1630). Celui-ci, après avoir accompagné le futur Henri III en Pologne en 1573, rejoignit la Ligue, dont le chef, le duc de Mayenne, le fit gouverneur de Rouen, puis de Bourgogne. Il s’opposa au roi de Navarre et poursuivit son opposition après l’avènement de Henri IV. En 1595, il se soumit, mais il refusa de se rallier et se retira dans son château de Sully, qui, acheté au XVIe siècle à la famille de Rabutin, avait été reconstruit par son père et était considéré comme un des plus beaux de Bourgogne.
C’est là que, de 1616 à 1621, il rédigera les mémoires de son père à partir des documents et témoignages dont il disposait, notamment des lettres qu’il reproduit. Il leur ajouta sa propre interprétation des évènements, qui met en cause la politique royale et dénonce certaines personnalités du temps. Pour cette raison, ces mémoires ne pouvaient être publiées par les circuits autorisés et Jean de Saulx dut avoir recours à une imprimerie privée installée dans son château de Sully, où l’ouvrage fut imprimé “en cachette”, selon Gui Patin. Cependant il circula et fut cité au début du règne de Louis XIII. La découverte, à la fin du XIXe siècle, d’un acte notarié du 15 février 1622 est venue corroborer l’existence de cette imprimerie privée et la date d’impression, puisque l’un des témoins signant l’acte est “Pierre Lelong, imprimeur de la ville de Dijon, demeurant de présent audit Sully”.
S.l.n.d. [1622]. In-folio
Avec : Epître et cinq advis au Roy. S.l.n.d.
Mémoires de messire Guillaume de Saulx, seigneur de Tavannes. S.l.n.d.
Reliure française, fin du XVIIe siècle. Maroquin rouge, décor à la Du Seuil, aux armes familiales de Tavannes avec le bâton de maréchal (pas dans O.H.R.), gardes de papier polychrome à la colle.
Provenance : Pierre Deld ? (ex-libris du XVIIIe siècle, masqué probablement à la Révolution française) – comtesse d’Yve (Bruxelles, vente, 1819, 38 F) – duc d’Aumale.
VII-I-006
Unique impression de l’imprimerie du château de Sully près d’Autun. Elle ne comporte aucune mention de lieu ou de date de publication, de nom d’imprimeur, ni aucun privilège.
Au début, une épître “Aux enfants, neveux, cousins” montre que l’ouvrage s’adresse prioritairement aux membres de la communauté familiale et que le projet est bien une justification et une légitimation des choix politiques opposés du père qui fut un actif serviteur du pouvoir royal, et du fils qui fut non moins actif ligueur. De manière peu protocolaire, cette sorte d’“envoi imprimé” est suivi par une dédicace au roi Louis XIII, qui marque une sorte de ralliement aux Bourbons.
Le portrait de Gaspard de Saulx, dessiné et gravé par La Roussière, ne fut probablement pas imprimé au château de Sully, faute d’une presse en taille-douce.
L’autre fils de Gaspard, Guillaume, frère de Jean, qui s’était rallié à Henri IV, a publié également ses mémoires. Ils furent imprimés avec le même matériel typographique (sauf le bandeau gravé sur bois) et la même mise en page, très probablement par la même imprimerie privée. Les deux éditions des mémoires du père et du fils sont souvent réunies dans le même volume, comme c’est le cas pour ce bel exemplaire aux armes familiales.
Les mémoires de Gaspard, suivis des compléments de Jean, furent réimprimés par le neveu de Gaspard, Charles de Neufchaise, en 1653. Le catalogue de la vente Soubise (Paris, 1789, p. 506, n° 6877) mentionne que cette impression fut faite au château de Lugny (également dans la région d’Autun), mais celui-ci n’appartenait plus aux Saulx-Tavannes depuis 1647.
Bibliographie
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 5235, II., p. 98.
Catalogue de la vente Soubise, 1789, p. 506, n° 6877 (Lugny, près d’Autun, 1617).
Gabriel Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, Paris, 1802-1804, p. 169.
Gabriel Peignot, Répertoire des bibliographies spéciales, Paris, 1810, p. 71.
Edmond Werdet, op.cit., p. 333-334.
Léonce Pingaud, Les Saulx-Tavannes, études sur l’ancienne société française, lettres et documents inédits, Paris, 1876.
Philomneste junior, op. cit., p. 30.
Note d’Anatole de Charmasse, in : Mémoires de la Société éduenne, tome XIX, 1891, p. 476-477.
LEX (Léonce), Notice historique sur Lugny et ses hameaux, Mâcon, 1892.
Edouard Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, Paris, 1924, p. 273.
Dictionnaire des châteaux de France : Bourgogne, Nivernais, Paris, 1980, p. 187, p. 299-300.
PERRAUD (François), Le Mâconnais historique : seigneurs, châteaux, Lyon, 1993.
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En raison de leur contenu polémique, ces mémoires ne pouvaient être publiés dans les conditions normales avec un privilège de librairie. Le duc créa une imprimerie privée dans son château de Sully. Il fit venir un imprimeur d’Auxerre, Jacques Bouchet, avec lequel il passa, le 7 décembre 1638, un contrat qui a été analysé par B. Barbiche. L’imprimeur fournira tout le matériel nécessaire, papier, encre et “de bons caractères gros romain avec son italique de même”. Les livres seront reliés en parchemin. Le duc mettra un logement à la disposition de l’imprimeur qui pourvoira à sa nourriture et à celle de son personnel. Bien que le titre de l’ouvrage ne soit pas indiqué dans le contrat, il est spécifié que le tirage sera entre trois cents et mille exemplaires et le prix est fixé à 36 livres par millier de feuilles d’impression. L’impression se fit au début de l’année 1639 et s’acheva avant le 21 mai 1640. Le coût total s’éleva à 5223 livres 8 sols. Il correspondait à l’impression de 145 000 feuilles, ce qui a permis d’évaluer le tirage à 367 exemplaires.
Dans des notes à l’intention du lecteur (p. 479 et 488), il est précisé : “N’ayant point encore pour cette œuvre obtenu de privilège, nous avons été contraints de faire cette présente impresssion en une maison particulière, laquelle nous a osté le moyen de corriger plusieurs deffauts qui se pourront trouver aux dattes et transpositions de quelques Lettres et Discours ; ainsi ces vers latins ont esté faits d’une Lettre romaine, n’ayant pu recouvrer un caractère italique : ce que vous excuserez en espérant que nous ferons mieux à la seconde édition”. Cette précision concerne les poèmes des pages 470-479 et 480-488. Ainsi, d’après cette note, il y eut deux états de l’impression des Mémoires au château de Sully, qui, tous deux, peuvent être considérés comme “édition originale”.
La deuxième partie des mémoires (1610-1618) fut publiée à Paris par Courbé en 1662 et sera suivie des éditions commerciales de la première partie en 1663 (chez L. Billaine) et 1664 (chez T. Jolly).
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In-folio, 2 vol.
Reliure française, XIXe siècle, signée Petit successeur de Simier. Maroquin rouge.
Provenance : Armand Bertin (ex-libris, cat. n° 1575) – duc d’Aumale (acq. vente Bertin, 1854).
III-H-007
Malgré leur tirage élevé, l’impression des mémoires de Sully fut peu diffusée et une partie du tirage aurait été détruite par le prince de Bourbon-Condé à sa parution. Pour pallier cette carence, une contrefaçon en fut faite en un lieu et à une date et inconnus, sans doute après 1649, car Gui Patin nous apprend qu’à cette date ces mémoires “n’ont jamais été vus que très peu” et avant 1652, date d’une contrefaçon en trois volumes in-12.
Les deux pages de titre sont analogues. Elles portent le même titre pompeux et fortement apologétique. Elles présentent la même adresse imaginaire (Amsteleredam) et deux noms fictifs et pédants de libraires : Alethinosgraphe de Clearetimelée (qui signifie “écrivain véridique de gloire et vertu”), Graphexechon de Pistariste (“secrétaire émérite de haute probité”). Ils sont établis “à l’enseigne des trois vertus couronnées d’amaranthe” : la foi, l’espérance et la charité, qui sont représentées par trois grands V coloriés en vert. Ils servent désormais à dénommer la première édition dite “des trois V verts”. Cependant, la composition typographique est plus compacte et les fautes sont corrigées.
Cas exceptionnel de rediffusion illicite d’une production issue d’une presse particulière, elle-même non autorisée, cette contrefaçon montre le statut complexe de l’imprimerie pendant l’Ancien Régime : les impressions privées comme les contrefaçons exploitent les failles du système de contrôle du livre alors en vigueur.
Bibliographie
Gui Patin, Lettres, t. 1, lettre 34, t. 5, lettre 99, 27 novembre 1649.
Père Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France, Paris, 1719, tome 3, p. 76.
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 5274, II, p. 115.
Gabriel Peignot, Répertoire des bibliographies spéciales, Paris, 1810, p. 71.
Gabriel Peignot, “Imprimerie particulière du château de Sully”, Archives du bibliophile, Paris, 1858, p. 75-77.
Edmond Werdet, op.cit., p. 334.
Philomneste junior, op.cit., p. 40-41.
Rahir, op. cit., p. 273.
Michel Riousse, Note sur les éditions des Economies royales de Sully, s.l.n.d., dactyl., BNF, bibliothèque de l’Arsenal, ms. 14021 (26).
Maximilien de Béthune, duc de Sully, Oeconomies royales : éd. Par David Buisseret et Bernard Barbiche, Paris, 1970-1988 (Société de l’histoire de France). 2 vol.
Bernard Barbiche et Ségolène de Dainville-Barbiche, Sully, Paris, 1997.
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Les premières impressions furent probablement faites sous l’impulsion d’Alphonse-Louis Duplessis, frère du cardinal, mort en 1653. La responsabilité éditoriale était assurée par Jean Desmarets de Saint-Sorlin, poète et auteur dramatique. Fidèle du cardinal, il contribua à la création de l’Académie française dont il fut un des premiers membres. Il s’était retiré à Richelieu à la mort du cardinal et aurait été l’intendant du frère de celui-ci. L’exécution typographique fut confiée à Etienne Migon, imprimeur du Roi, dont le nom et la fonction apparaissent sur la page de titre de la première impression. Professeur ès mathématiques, imprimeur bénéficiant d’une protection particulière de Louis XIII, il a imprimé à Paris un seul livre, Le Maréchal des batailles, en 1647, pour lequel il grava et fondit des caractères spéciaux pour représenter “les bataillons et ordre de bataille”.
Sur deux de ces impressions, on trouve également des mentions de libraires : “chez Pierre Petit et chez Henri Le Gras” (1654) ; “apud Sebastianum Martin” (1656). En effet, les livres imprimés à Richelieu ne sont pas des éditions clandestines, bien qu’elles n’aient pas de privilège. Les libraires mentionnés sur la page de titre ne sont pas les imprimeurs, mais les agents de la diffusion commerciale de ces impressions et même peut-être aussi les ont-ils financées.
Ce qui caractérise certaines impressions de Richelieu, c’est leur typographie. Elles sont exécutées à l’aide de caractères minuscules, élégamment dessinés et excellemment gravés, procurant une impression fine et nette. Ils sont connus comme les “caractères d’argent”, dénomination qui ne doit induire aucunement leur composition métallique. Ils proviennent du célèbre fondeur de caractères, Jean Jannon, de Sedan, qui les avait déjà utilisés pour une bible de 1633. Des caractères identiques ou analogues seront utilisés ensuite par un imprimeur anonyme pour des livrets de Desmarets de Saint-Sorlin et, selon Nodier, plus étonnamment, par Antoine Cellier, imprimeur protestant à Charenton, pour des publications réformées.
L’imprimerie privée de Richelieu dénote une extrême attention à la qualité et même à la beauté typographique. Aussi a-t-on pu supposer que le projet initial du cardinal était de rivaliser avec les productions contemporaines des Pays-Bas dites “elzéviriennes”. Le ministre de Louis XIII aurait alors promu deux créations distinctes, mais complémentaires : d’une part, l’Imprimerie royale, fondée en 1640, destinée à produire des éditions monumentales et prestigieuses ; d’autre part, dans un site privé en sa possession, un projet aristocratique de création typographique, s’inscrivant dans une politique économique plus générale, promouvoir une production nationale et de qualité.
Château de Richelieu, de l’imprimerie d’Etienne Migon, 1653. In-8°.
Reliure française, XVIIe siècle. Maroquin turc rouge marbré de noir.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 172) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne 1859).
VI-D-071
Premier ouvrage daté imprimé à Richelieu. Edition originale de la traduction française de ces textes de morale, par Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676).
In-8°, 2 vol. Frontispice et vignettes de titre gravés. Exemplaire sur grand papier.
Reliure française, XVIIe siècle. Maroquin rouge, décor à la Du Seuil, tranches marbrées et dorées.
Provenance : Payne et Foss (note ms., Londres, vente, mai 1850) – duc d’Aumale.
VII-E-002, VII-E-003
Edition très célèbre de la Bible, dite Bible de Richelieu. Elle est entièrement réalisée avec les “caractères d’argent” et est considérée comme un des chefs-d’œuvre typographiques du XVIIe siècle.
Malgré l’adresse parisienne, on sait que cette impression fut entreprise “jussu ducis Richelieu”, au château de Richelieu. Elle fut achevée quatorze années après la mort du cardinal. Deux hypothèses peuvent être formulées pour rendre compte de la mention d’un libraire parisien sur la page de titre : soit il assuma à Paris la continuité du travail dont l’ampleur dépassait les capacités d’un atelier privé ; soit il assura seulement la diffusion de l’ouvrage achevé et peut-être aussi son financement. Quoiqu’il en soit, il est assuré que le frontispice et les trois figures de titre, gravés par Chauveau (non signées) furent imprimés à Paris et non à Richelieu où il n’y avait certainement pas de presse en taille-douce.
Bibliographie
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 43, I., p. 67 ; n° 1304, II, p. 184.
Gabriel Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, Paris, 1802-1804, p. 169-170.
Charles Nodier, “Eclaircissemens sur la plus belle et la plus célèbre des Imprimeries particulières”, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, Paris, 1829, p. 173-177.
Gabriel Peignot, Dictionnaire, op. cit., p. 169-170.
Gabriel Peignot, Répertoire, op. cit., p. 71.
Edmond Werdet, op. cit., p. 334.
Philomneste junior, op. cit., p. 36-38.
Clément de Ris, La Typographie en Touraine (1467-1830), Paris, 1878.
Georges Lepreux, Gallia typographica, Paris 1911, I, p. 402-408.
Edouard Rahir, op. cit., p. 273.
Jean Cordey, “L’imprimerie du château de Richelieu”, Byblis, Paris, 1925, p. 56-60.
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Né à Noyon en 1627, entré dans l’ordre des chartreux à dix-neuf ans, successivement prieur, vicaire et visiteur de la province de Picardie, Dom Le Masson fut nommé, en 1675, général des chartreux. En 1680, il fait transporter à La Correrie une petite imprimerie dont les chartreux disposaient au lieu-dit Favrat, entre Chambéry et Montmélian, où un missel avait été imprimé en 1679-1684. Dès 1681, l’impression d’un premier ouvrage de Le Masson était achevée. Le dernier recensement des ouvrages à l’adresse de La Correrie mentionne quarante-neuf impressions pendant une vingtaine d’années, de 1681 à 1700. Mais, pour seulement vingt-neuf d’entre eux, il y a des exemplaires connus et signalés dans des collections publiques. Les adresses y sont indiquées sous les formes suivantes : à La Correrie, Correriae, Correriae Cartusianane, La Correrie–Grenoble. Les travaux typographiques furent exécutés successivement par cinq imprimeurs de Grenoble : Laurent Gilibert de 1681 à 1685, Antoine Frémon de 1686 à 1689, André Galle en 1689, Claude Faure de 1690 à 1695, André Faure de 1697 à 1700. Presque tous les textes publiés s’adressent directement aux seuls chartreux : statuts, règles, directoires, avec des compléments sur leur observance et des controverses internes. S’y ajoutent quelques ouvrages théologiques, liturgiques ou de piété. Dom Le Masson est auteur ou responsable de la quasi-totalité de ces textes.
L’imprimerie de La Correrie n’est pas une imprimerie professionnelle et commerciale. Son activité est cependant reconnue, puisqu’elle reçoit, en 1680, un privilège du roi pour l’impression de livres liturgiques à l’usage de l’ordre. Elle est un agent interne de l’ordre des chartreux et, plus particulièrement, l’instrument du pouvoir de son général, Dom Le Masson.
L’imprimerie cessa son activité vers 1700, trois années avant la mort de son protagoniste, en 1703. Au début de la Révolution, le matériel typographique fut vendu à des imprimeurs grenoblois.
A La Correrie, imprimé par André Galle, [vers 1689]. In-4°.
Pièce jointe : Règlement pour le bon ordre du monastère, destiné à un couvent de femmes.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin rouge, tranches marbrées et dorées.
Provenance : Girardot de Préfond (ex-libris aux armes) – A. A. Renouard (ex-libris, cat. t. I, p 150, n° 1815) – Armand Cigongne (acq. vente Renouard, cat. n°160) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
VI-A-018
Publication sans date, mais comportant une lettre du 20 juillet 1685.
Cet ouvrage est une des plus intéressantes impressions de La Correrie, car il restitue une vive et longue controverse au sujet des devoirs monastiques entre Dom Le Masson et le célèbre abbé de Rancé, supérieur de la Trappe. En 1683, celui-ci, qui prônait une stricte austérité, avait dénoncé, dans son Traité de la Sainteté et des devoirs de la vie monastique, un certain relâchement chez les chartreux. Dom Le Masson interdit la lecture de ce traité aux religieux de la Grande Chartreuse et imprima une justification de la règle de l’ordre. L’abbé de Rancé répliqua (Lettre à un évêque, 1689). C’est dans ce contexte que Dom Le Masson imprima cette Explication, à laquelle sont jointes les lettres de la polémique de 1683. Une partie de l’ouvrage (p. 64-119) présente dans la colonne de gauche la lettre de Rancé et à droite la réfutation du général des chartreux, article par article.
Ce livre est réputé rare, car “il passe pour avoir été imprimé en secret, et sans permission dans la Grande Chartreuse, et n’ayant point été vendue en public, il ne s’en est répandu que très peu d’exemplaires, ce qui les a rendu rares, et difficiles à trouver…” (De Bure). En outre, une partie du tirage aurait été détruite.
Bibliographie
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 995, II, p. 57-60, addition, p. XV-XVI.
Gabriel Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, Paris, 1802-1804, p. 170.
Colomb de Batines, “Sur deux ouvrages fort rares sortis des presses de La Correrie”, Bulletin du bibliophile, 1839, p. 794-796.
Philomneste junior, op. cit., p. 26-27.
Edmond Magnien, L’Imprimerie à Grenoble : XVe-XVIIIesiècle, Paris, 1883.
Edmond Magnien, “Bibliographie des ouvrages des presses de La Correrie”, Bulletin du bibliophile, Paris, 1896, p. 5-7.
Michel Chomarat, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle, Bibliotheca bibliographica Aureliana, Baden-Baden, 1983, tome VIII, p. 25-34.
Edmond Werdet, op. cit., p. 325-326.
Clément de Ris, La Typographie en Touraine (1467-1830), Paris, 1878.
Georges Lepreux, Gallia typographica, Paris 1911, I, p. 402-408.
Edouard Rahir, op. cit., p. 272
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Au début, il eut peut-être recours à deux imprimeurs de Bourges, en 1672 et 1680 à Jean Toubeau, en 1675 et 1681 à Jean Cristo. Mais, à partir de 1684, ses autres publications, toujours précisément datées (quantième, mois, année) sont réputées avoir été imprimées sur sa presse privée, peut-être cependant, selon l’usage, avec le concours des mêmes artisans. Catherinot a précisé la condition particulière de l’impression : “Je n’ai jamais prétendu à la qualité d’auteur, pour laquelle obtenir, selon aucuns, il faut être imprimé avec privilège.” Ces impressions furent très nombreuses. Dès 1719, le père Lelong, dans sa Bibliothèque historique de la France (III., p. 434-436) recense 130 numéros. Un bibliographe plus récent (I. Flach, 1883) en recense 132. Pour Catherinot, leur impression en fascicules était provisoire : “Si l’église et le siècle me font un jour quelque loisir, j’espère bien ramasser tous mes opuscules en un volume et y donner les pièces entières que j’ai été contraint d’estropier pour épargner ma bourse.” On rapporte que les petites publications de Catherinot ne se vendaient pas et qu’il les glissait parmi les vieux livres présentés et vendus sur les quais de Paris. Catherinot était d’ailleurs sans illusion et non sans humour : “Mes écrits ne sont pas si fort inutiles, puisque les apothicaires en font des emplâtres, les libraires du carton, les tailleurs des patrons et les autres des enveloppes. Ils sont même privilégiés et les huissiers ne les prennent jamais par exécution, non plus que les pots de terre, les chandeliers de bois et les chaises de paille.”
Cependant, dès le XVIIIe siècle, les opuscules de Catherinot gagnèrent un nouveau et meilleur destin. Elles retinrent l’attention des collectionneurs en tant que raretés et curiosités bibliophiliques et furent alors constituées en recueils. Celui du duc de La Vallière réunissait 87 pièces (cat. de sa vente, 1783, n° 5271). Celui du duc d’Aumale, également constitué au XVIIIe siècle, en réunit cinquante-quatre.
Pièces classées chronologiquement.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin rouge.
Provenance : Martainville (cat. n° 659) – duc d’Aumale (acq. vente Martainville, 1859).
VI-A-015
Une de ces pièces, inattendue dans cet ensemble berrichon, atteste l’intérêt de Nicolas Catherinot pour la typographie : L’Art d’imprimer. S.l.n.d., 10 mars 1685. In-4°, 12 p.
Le texte est un peu désordonné, mais très précieux. Il nous montre les connaissances bibliographiques que pouvait avoir alors un antiquaire provincial sur ce sujet très spécialisé et que l’on pourrait croire réservé alors à une communauté d’“initiés” parisiens (bibliothécaires, libraires, collectionneurs). De vastes connaissances, parfois approximatives, sont déjà réunies et de grandes catégories de livres rares et précieux sont reconnues.
Bibliographie
Père Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France, Paris, 1719, tome III, p. 434-436.
Guillaume-François de Bure le jeune, Bibliographie instructive, Paris, 1763-1768, n° 5375, II, p. 147.
Laisnel de la Salle, “Nicolas Catherinot”, in : Mémoires de la Société historique du Cher, 1868, p. 63-81.
Philomneste junior, op. cit., p. 9-10.
Louis Raynal, “Nicolas Catherinot”, Bulletin de la Société d’antiquités… du département du Cher, 2ème section, 1881, p. 1-10.
Jacques Flach, “Bibliographie des écrits de Catherinot”, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 1883.
Edouard-René Lefebvre de Laboulaye, “Notice sur la vie et les écrits de Catherinot”, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 1883.
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Avec l’abbé de Grécourt, ces deux habitués de Véretz avaient publié à Rouen en 1728 la Suite de la Nouvelle Cyropédie ou Réflexion de Cyrus sur ses voyages. En 1730, la princesse de Conti avait installé au Palais-Bourbon à Paris une imprimerie privée où elle imprima un recueil provocant d’anas réunis par l’abbé de Grécourt, Maranzakiniana. Dans les mêmes années, en 1727, une autre imprimerie privée aristocratique avait été créée par le marquis de Lassay et la grande duchesse de Bouillon au château de Lassay (actuel département de la Mayenne) où fut imprimé un Recueil de différentes choses.
C’est dans ce contexte à la fois éditorial et artisanal que fut installée à Véretz une imprimerie privée d’où sortit un seul livre, le célèbre recueil de pièces libres connu sous le nom de “Recueil du Cosmopolite”. Les circonstances de cette impression, sinon clandestine, du moins nécessairement discrète, ne sont pas précisément établies. Elle aurait eu lieu en présence du comte d’Agenois, de quelques autres seigneurs, ainsi que de quelques dames. Ce groupe fut, avec ceux qui furent associés au Recueil du château de Lassay, désigné comme “la Pléiade”, en référence aux sept participants.
Selon un témoignage joint à l’un des exemplaires de cet ouvrage et rapporté par Téchener, la duchesse d’Aiguillon aurait pris grand plaisir à travailler elle-même à la composition. En consultant Moncrif sur l’orthographe d’un mot scabreux, elle fit preuve d’un sens très vif de la répartie et de sa liberté de mœurs. Cette anecdote nous révèle dans quelle ambiance joyeuse se fit cette impression dans un château provincial.
Charles Nodier a indiqué que le Recueil du Cosmopolite fut tiré à douze exemplaires, mais il est possible que le tirage ait été un peu plus élevé. Cette impression ne fut pas totalement inconnue des contemporains. On l’attribua faussement au fils du duc d’Aiguillon (1720-1788), afin de lui nuire alors qu’il était ministre des Affaires étrangères de Louis XV (1771-1774). Il devint aussi dès le XVIIIe siècle une rareté bibliophilique recherchée et le duc de La Vallière en posséda un exemplaire, qu’il céda au comte de Schomberg. Les collectionneurs dénoncèrent son caractère “abominable”, tout en légitimant leur choix par la nécessité d’en conserver des exemplaires “dans les cryptes des dépôts publics et dans les cabinets des curieux, comme des monuments toujours vivants du langage, de l’esprit, des mœurs d’une époque” (C. Nodier).
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin olive, bordure dorée, fermoirs en argent, aux armes de Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé, princesse de Conti (OHR 2641 n° 2).
Provenance : Frank Hall Standish – duc d’Aumale (acq. coll. Standish, 1851).
XIV-B-001
L’ouvrage est constitué par un assemblage de textes érotiques et impies. L’épître est attribuée à François-Augustin Paradis de Moncrif, auteur dramatique, poète, membre de l’Académie française. On y trouve notamment le B…l céleste de Pierre Petit qui fut brûlé en place de grève pour cet ouvrage, et une traduction des Couplets ou Noëls bourguignons, faussement attribués à La Monnaye. C’est la princesse de Conti qui y aurait joint des poésies italiennes, dont la Corona di cazzi, qui sont des sonnets de l’Arétin.
Le recueil est assigné sur la page de titre à un personnage anonyme, Le Cosmopolite, dont le nom fait référence à une culture qui dépasse les limites nationales. Les mentions d’adresses sont fictives et sans doute à clefs : “Anconne” comme lieu de publication, “Uriel Bandant” comme libraire, “A l’enseigne de la liberté” qui a un ton de manifeste. Seule indication claire, comme une provocation pour d’éventuels censeurs, la date : 1735.
L’impression fut conduite avec soin. C’est une des rares productions d’imprimerie privée avec une ornementation. La page de titre est imprimée en deux couleurs (noir et rouge) et porte une figure spéciale gravée sur bois, aux emblèmes érotiques, qui se retrouve sur un feuillet non paginé précédant les textes italiens. Il y a également des bandeaux, des culs de lampe, dont l’un est signé V.P.
Cet exemplaire est le seul connu en reliure d’époque, à décor doré élaboré et à provenance. C’est l’exemplaire personnel de celle qui fut l’égérie de cette entreprise, la princesse de Conti, dont il porte les armes. Celle-ci possédait une belle bibliothèque, qui fut vendue après sa mort en 1775, mais le Cosmopolite ne se trouve pas dans le catalogue de la vente.
Bibliographie
Gabriel Peignot, Répertoire, op. cit., p. 72.
Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt : avec des notes littéraires et bibliographiques de… Charles Nodier et Paul Lacroix : catalogue de vente, Paris, 1838, n° 906 (avec liste de sept exemplaires, auxquels s’ajoute celui de Duroux).
Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt : catalogue de vente par Téchener, Paris, 1840, n° 7 et “carton supprimé”.
Edmond Werdet, op. cit., p. 336-337.
Clément de Ris, La Typographie en Touraine (1467-1830), Paris, 1878.
Philomneste junior, op. cit., p. 1-2.
Ernest-Quentin Bauchart, Les Femmes bibliophiles de France (XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles), Paris, 1886, p. 29.
Eugène Asse, “Les Princesses de Bourbon bibliophiles”, Le Livre (bibliographie rétrospective), 1888, p. 297-300.
Edouard Rahir, op. cit., p. 272.
Pascal Pia, Les Livres de l’enfer, Paris, 1978, p. 1160-1161.
Jean-Paul Goujon, « Notes inédites de Pierre Louys sur le Recueil de pièces choisies rassemblées par les soins du Cosmopolite (1735) », Bulletin du bibliophile, 2006, p.314-349.
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Entre temps, dès 1743, à Avilly, d’où était originaire sa famille (un nommé Guillaume Houbigant y avait fondé une blanchisserie en 1650) et où il possédait une résidence, le père Houbigant avait installé une imprimerie privée, dotée d’une fonte de caractères hébraïques avec lesquels il imprima deux petits ouvrages : les Psaumes en 1743 et le Livre des proverbes (1763). Cette fonte est celle des caractères hébraïques de Pierre-Simon Fournier, l’“hébreu de Cicero”. Sur la page de titre et au premier feuillet, deux lignes sont en “hébreu de gros romain”. C’est peut-être un des premiers emplois des caractères hébraïques non ponctués de Fournier le jeune. Il disposa aussi d’une fonte de caractères romains avec lesquels il imprima un opuscule et qu’il utilisa aussi pour imprimer un Règlement de l’école des filles d’Avilly, pour l’école qu’il avait lui-même fondée dans ce bourg en 1772 et dotée d’une rente de cent livres.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin bleu, décor à la Du Seuil, pièce de titre au dos, gardes de soie rose.
Provenance : Caix de Saint-Aymour (cat. n° 207) – duc d’Aumale (acq. vente Caix de Saint-Aymour, avril 1882).
VI-F-004
Premier emploi des caractères hébraïques de Fournier. Première publication de l’imprimerie privée d’Avilly. Le tirage en est inconnu, mais elle est très rare. Elle semble avoir été faite par le père Houbigant pour montrer à la fois les amendements qu’il proposait au texte hébreu et sa capacité à mener à bien une entreprise typographique, en prélude à la grande Bible hébraïque qui sera achevée dix années plus tard. Au dernier feuillet verso se trouve un errata. Cette publication sera redonnée en 1748 avec une nouvelle page de titre et avec des corrections et des additions. Son tirage fut plus important, cent exemplaires selon G. Peignot.
C’est la seule impression que le père Houbigant mènera à son terme à Avilly. Celle des Proverbes devant aussi comporter L’Ecclésiaste et Le Livre de Job qui n’y furent jamais adjoints. La troisième en caractères romains n’est que l’Introduction à un ouvrage plus important, Esprit de l’Ancien Testament, jamais paru.
Les Psaumes portent curieusement l’adresse “Lugd. Bat.” [Lugduni Batavorum], c’est-à-dire Leyde. S’agissait-il pour le père Houbigant de dissimuler l’origine de sa publication pour laquelle il n’avait demandé ni privilège, ni surtout imprimatur ? de recueillir dans l’anonymat les opinions des autres hébraïsants ? de préserver la nouveauté de sa future édition de la Bible en laissant croire au travail d’un hébraïsant des Pays-Bas ? de ne pas révéler l’origine des caractères, dont il voulait se réserver l’usage pour ses futures publications personnelles ?
Bibliographie
James Mosley éd., Lettre de Fournier le jeune au lieutenant-général de police (1762, BNF, Ms. Fr. 22117 (37, f. 108-118), London, 1997, p. 2.
Pierre-Simon Fournier le jeune, Manuel typographique…, Paris, 1764, 2 vol., p. 151, 153.
Jean-Félicissime Adry, “Notice sur la vie et les ouvrages, tant imprimés que manuscrits, du P. Houbigant”, Magasin encyclopédique,1806.
Gabriel Peignot, Répertoire, op. cit., p. 72.
Edmond Werdet, op. cit., p. 337.
Philomneste junior, op. cit., p. 20-21.
François Dupuigrenet-Desroussilles, Dieu en son royaume, Paris, 1991, n° 88.
Michel Vincent de Paule, Avilly-Saint-Léonard, Chantilly, 1995.
M. Hadas-Lebel, « Le Père Houbigant et la critique textuelle », in : Le Siècle des Lumières et la Bible, Paris, 1986, p. 103-112.
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Pierre-Simon Fournier était fondeur de caractères et non pas un imprimeur professionnel autorisé. Mais il devait nécessairement disposer dans son officine d’une presse pour faire des essais des nouveaux caractères qu’il créait et pour tirer des spécimens destinés à les faire connaître.
En 1756, on lui doit ainsi un charmant bibelot typographique qui est une sorte de célébration mondaine d’un nouveau petit caractère, “la Parisienne”, de 5 points seulement, et qui est une une impression faite à titre privé. A cette date, Fournier n’avait aucune autorisation d’imprimer. C’est seulement six années plus tard, en 1762, qu’il obtint par faveur exceptionnelle le titre d’“imprimeur surnuméraire” (c’est-à-dire en surnombre). Dès sa mort, en 1768, les syndics de la communauté des imprimeurs s’empressèrent de faire enlever la vis de sa presse pour mettre fin au statut “toléré” dérogatoire dont Fournier avait bénéficié seulement pendant les six dernières années de sa vie.
Paris, [Pierre-Simon Fournier], 1756. In-12.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin rouge, gardes de papier dominoté à étoiles dorées sur fond blanc.
Provenance : Léon Cailhava – duc d’Aumale (achat vente Cailhava, juin 1852) – Marie-Amélie de Bourbon (don du duc d’Aumale) – duc d’Aumale (succession de la Reine, 1866).
VI-E-031
Dans son autobiographie (Lettre au lieutenant-général de police, 1762), P. S. Fournier a indiqué les circonstances de cette impression : “En 1756, Madame la marquise de Pompadour désire avoir un petit livre de goût qui contient le salut de la Chapelle du Roi, latin et françois ; ceux d’usage à la cour sont latins. Elle en parla à Mrg le Marquis de l’Hopital, qui en chercha inutilement, il s’adressa à M. l’abbé Sallier, pour lors garde des livres du Roi, qui ne fut pas plus heureux, ce qui l’engagea de s’adresser à moi, quoique je ne fus pas imprimeur pour avoir un petit chef-d’œuvre dans ce genre et sous les auspices de M. Berrier à qui nous en présentâmes un exemplaire je fis le petit livre cy joint, que je vous prie d’accepter comme un échantillon de mon savoir faire dans cette partie je l’ai fait en entier, par honneur pour notre art, sans en retirer aucun bénéfice et sans qu’il en ait été vendu un seul, par respect pour la dame qui l’avait demandé.”
Une note manuscrite dans le volume précise que le tirage fut de huit exemplaires seulement. Aucun exemplaire de ce livret ne semble connu des historiens de Fournier.
Bibliographie
Edmond Werdet, op. cit., p. 326.
James Mosley éd., Lettre de Fournier le jeune au lieutenant-général de police (1762, BNF, Ms. Fr. 22117 (37, f. 108-118), London, 1997, p. 5.
Jeanne Veyrin-Forrer, Simon-Pierre Fournier, successeur de Fournier Le Jeune, Bordeaux, 1967.
James Mosley éd., Fournier le jeune, Manuel typographique (Paris, 1764-1768), Darmstadt, s.d.
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Né au Mans en 1719, il est descendant d’un membre d’une famille napolitaine qui s’était rallié à François Ier et qui fut promu maréchal de France. Son père fut ruiné par le système de Law. Elève au collège de l’Oratoire du Mans, il entre dans la Congrégation en 1739 et est quelque temps professeur. Puis il parcourt l’Europe, séjourne en Italie (à Rome, il est bien accueilli par les papes Benoît XIV et Clément XII), en Allemagne, en Pologne où il devient gouverneur des enfants d’un prince et… colonel !
Lorsqu’il revient en France, il entreprend de vivre de sa plume. Il connaît immédiatement un certain succès par deux ouvrages d’une écriture facile et agréable où il fait une analyse spirituelle des pouvoirs de la mode dans la société parisienne. Par une invention heureuse, il les rend spectaculaires au moyen d’une typographie en couleurs.
On ne sait rien des circonstances de la production de ces deux livres qui ne comportent pas de privilège. Sur les pages de titre, seulement des noms imaginaires d’imprimeries et pas de noms de libraires. Dans le texte, de même, il est fait référence seulement au couple auteur – imprimeur. Ces publications, bien à l’image de leur auteur, ont toutes les apparences d’un jeu de bonne société, d’un exercice mondain plus que d’un travail de professionnel.
Aux quatre éléments, De l’imprimerie des quatre saisons, 4444, [1757]
In-12. Texte imprimé en 4 couleurs (vert, brun, rouge et jaune). Figure gravée sur la page de titre. Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée Joseph Thouvenin. Demi-maroquin rouge à grain long.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 2143) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
XXVI-D-086
In-12. Texte imprimé en vert. Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée Trautz-Bauzonnet. Demi-maroquin violet.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 2144) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
XXVI-D-069
Si, comme pour tous les ouvrages d’apparence singulière, les exemplaires conservés ne sont pas vraiment rares, le tirage fut cependant probablement restreint.
Dans Le Livre à la mode, Caraccioli a exprimé clairement sa volonté de rompre avec les pratiques – routinières selon lui – des imprimeurs professionnels :
“Il y a longtemps que les imprimeurs auraient dû imiter les faiseurs de porcelaine et ils auraient réussi. Quelle est la dame qui eut refusé d’acheter un livre de la couleur de son éventail ou de son perroquet… Il était facile d’entremêler des lignes d’un bleu céleste, avec des lignes cramoisies et je ne puis comprendre pourquoi cette invention n’éclot que dans cet instant…”
Le Livre à la mode connut sans doute un certain succès. Il fut, l’année même de sa parution, réimprimé pour une nouvelle édition “marquetée, polie et vernissée”, commerciale cette fois (l’adresse porte “chez les libraires,1000700509”), imprimée en rose – l’épître débute par : “La couleur verte n’ayant duré que huit jours…” -, suivie d’une édition en allemand faite à Vienne.
Par la suite, les dons de Caraccioli lui ouvrirent une carrière de polygraphe dont la production abondante, publiée par les circuits habituels de la librairie, est oubliée. Il y exprime un moralisme et une religiosité sage, plus conformistes que ses premiers bibelots colorés. Seule une mystification (la publication de lettres apocryphes d’un pape), qu’il ne reconnaîtra jamais, redonnera un nouveau piquant à son existence parisienne.
Bibliographie
D. Rebut, “La vie et les œuvres du Marquis de L.A. Caraccioli”, Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Le Mans, 1905-1906, p. 284-295.
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Cette activité prit sa place dans le programme pédagogique établi par le comte de La Vauguyon, qui avait été désigné comme gouverneur du Dauphin et chargé de la formation morale et politique du futur souverain. Le propos était double. D’une part, il consistait en un devoir écrit, la rédaction d’un texte éducatif ; d’autre part en un exercice manuel, la composition et l’impression typographiques. Les circonstances de cette deuxième phase sont mal établies. Le premier livret est à l’adresse de Paris (aux Tuileries ?), le second à l’adresse de Versailles. On sait que la presse utilisée est celle qui avait servi au duc de Bourgogne et à sa mère, Dauphine, et que La Vauguyon la fit installer dans ses appartements. L’apprentissage et son application se firent sous la direction d’Augustin-Martin Lottin, nommé imprimeur ordinaire de Mgr le Dauphin le 30 décembre 1765, auteur érudit du Catalogue chronologique des libraires et des libraires-imprimeurs de Paris (1789). Cette activité pratique correspondait au goût que Louis XVI manifestera toujours pour les “arts mécaniques”, comme par exemple la serrurerie. Chaque réalisation prenait un certain temps. Sans compter le temps nécessaire à la composition longue et minutieuse, l’impression seule d’un livret durait plus de deux semaines. Sur les pages de titre des deux livrets, il y a une vignette aux armes du Dauphin entourées d’angelots, qui fut nécessairement imprimée à part sur une presse en taille-douce.
Signature autographe du Dauphin “Louis” sur un feuillet ajouté.
Reliure française, XIXe siècle. Maroquin vert à grain long, bordure dorée.
Provenance : Antoine Jean Jacques Amelot (sign. autogr.) – René Charles Guilbert de Pixerécourt (ex-libris, acq. vente Amelot, 1797, 23F (mention ms.), cat. n°1730) – Louis-Nicolas-Jean-Joachim de Cayrol (cachets, note ms et sign. autogr., acq. vente Pixerécourt, 1838) – duc d’Aumale (acq. vente Cayrol, 1861).
XXIX-C-001
Seul ouvrage imprimé sur une des presses privées royales au XVIIIe siècle et portant l’adresse de Paris. Le tirage fut de 36 exemplaires.
Cette impression est le prolongement de l’enseignement de la géographie par Philippe Buache (1700-1773), géographe du roi. Louis XVI eut, dès son enfance, un intérêt personnel pour la géographie et il fit installer à Versailles un dispositif particulier de cartes suspendues et enroulées analogues à celui que le duc d’Aumale installera dans son Cabinet des livres de Chantilly.
Signature autographe du Dauphin “Louis” sur un feuillet ajouté.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin citron.
Provenance : Antoine Jean Jacques Amelot (sign. autogr.) – René Charles Guilbert de Pixerécourt (ex-libris, acq. vente Amelot, 1797, cat. n°276) – Lord Holland (mention ms., acq. vente Pixerécourt, 1838) – duc d’Aumale (don Lord Holland, août 1856, mention ms.).
VI-B-016
Second ouvrage composé et imprimé en 1766 par le Dauphin. L’entreprise fut plus importante que la précédente. L’ouvrage fut tiré par le Dauphin à 25 exemplaires, du 9 au 21 mars 1766, avec le concours de ses frères, Provence et Artois, futurs Louis XVIII et Charles X.
C’est l’impression pédagogique royale la plus chargée de signification. Il s’est agi d’abord de faire un choix de maximes du Télémaque de Fénelon, qui était alors toujours un des ouvrages éducatifs de base. Les vingt-six articles choisis résument les devoirs des rois selon la doctrine fénélonienne : si le roi tient son pouvoir de Dieu seul, l’exercice de la monarchie absolue doit être associé au devoir d’amour du roi envers son peuple, et son autorité doit être respectueuse des règles de justice ; aussi, le roi doit mener une vie vertueuse et ne pas être le jouet de ses courtisans.
On sait que ces vues politiques hardies du Télémaque (1699) avaient déplu à Louis XIV. Il semble, de même, que le choix des maximes fait par le Dauphin n’ait pas recueilli l’assentiment de Louis XV. On rapporte que, lorsque le premier exemplaire lui fut offert, le roi aurait seulement dit : “Monsieur le Dauphin, votre ouvrage est fini, rompez la planche”, c’est-à-dire : “Défaites la composition des caractères typographiques”.
Les historiens du XIXe siècle ont porté leur attention sur une des maximes : “Quand les rois ont une fois rompu la barrière de la bonne foi et de l’honneur.. , ils deviennent des tyrans, leurs sujets des rebelles, et il n’y a plus qu’une révolution soudaine qui puisse ramener leur puissance ainsi débordée dans son cours naturel”. Ils y ont vu une sorte d’annonce de la Révolution et comme une sorte de pressentiment par le futur Louis XVI des menaces qui conduiraient la monarchie à sa perte.
Bibliographie
Gabriel Peignot, Dictionnaire, op. cit., p. 172.
Gabriel Peignot, Répertoire, op. cit., p. 73.
Charles Nodier, “La Révolution prophétisée par Fénelon et par Louis XVI”, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, Paris, 1829, p. 97-100.
Edmond Werdet, op. cit., p. 338.
Philomneste junior, op. cit., p. 25.
Edouard Rahir, op. cit., p. 272.
Pierrette Girault de Coursac, L’Education d’un roi : Louis XVI, Paris, 1972.
Evelyne Feyer, Louis XVI, Paris, 1985.
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Son goût pour les “arts mécaniques” le conduisit également à l’exercice de l’imprimerie. Il installa dans son hôtel parisien une petite presse et une seconde plus importante à Saron. Il se procura à Londres des caractères d’imprimerie qu’il compléta avec d’autres dont il grava les matrices et qu’il fondit lui-même. Il imprimait dans le plus grand secret, secondé uniquement par sa femme : “L’un et l’autre s’enfermoient dans la pièce où étoit la presse et où on ne laissoit entrer ni domestique ni ami. Munis tous les deux d’un composteur, ils arrangeoient leurs lignes, mettoient en page ; et lorsque les formes étoient en règle, M. Desnoyer, prote de l’imprimerie de Pierre [Delatour, selon le catalogue Chateaugiron, ou, peut-être, Philippe-Denis Pierre], qui étoit dans la confiance de Bochart, venoit à prendre les pages et les faisoit tirer… [Bochart de Saron] s’entendoit très bien aussi à faire tremper le papier, à faire broyer l’encre, à lessiver les caractères, à les distribuer : il connaissoit sa case comme l’ouvrier le plus exercé. Il tiroit jusqu’à quatre pages à la fois, tantôt de vers, tantôt de petits discours” (F.-L.-C. Monjoie).
Bochart de Saron avait épousé Angélique d’Aguesseau de Fresnes, petite-fille du chancelier d’Aguesseau (1668–1751). Celui-ci avait composé, vers 1720, un discours sur la vie de son père, Henri d’Aguesseau, conseiller d’Etat, intendant du Limousin. Ce texte était destiné à l’usage de ses seuls enfants et était resté inédit. Ses petits-enfants, Bochart de Saron et son épouse, l’imprimèrent en 1778. Cette impression est le seul ouvrage conservé issu de cette imprimerie privée, dont A. Claudin possédait également un Alphabet (s.l.n.d.).
Papier de Hollande.
Exemplaire à grandes marges.
Reliure française, XVIIIe siècle. Maroquin rouge.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 2837) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
VI-H-039
Cette impression fut tirée à soixante exemplaires. L’adresse “Fresnes” fait référence au lieu où le chancelier d’Aguesseau rédigea son texte et non au lieu d’impression, puisque celle-ci fut exécutée à Paris par Bochart de Saron. La date “1720” est sans doute la date à laquelle Aguesseau a rédigé son texte. G. Peignot (1810) donne comme date d’impression “1778”.
L’ouvrage est précédé d’un avertissement anonyme, sans doute dû à Bochart de Saron, justifiant l’impression de l’ouvrage, espérant que les lecteurs choisis de cet ouvrage sauront gré “à ceux qui le leur ont procuré, de l’avoir soustrait à l’obscurité à laquelle la prudence et la modestie l’avoient condamné, sans le livrer entièrement au grand jour pour lequel il n’avoit pas été composé”.
Bibliographie
Félix-Louis-Christophe Monjoie, Éloge historique de Jean-Baptiste-Gaspard Bochart de Saron, premier président du parlement de Paris, Paris, 1800.
Gabriel Peignot, Dictionnaire, op. cit., p. 171.
Gabriel Peignot, Répertoire, op. cit., p. 72.
Edmond Werdet, op. cit., p. 336, 338.
Philomneste junior, op. cit., p. 38-39.
Catalogue de la vente Anatole Claudin, Paris, 1914, n° 194.
Edouard Rahir, op. cit., p. 273.
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Vers 1780, il créa une imprimerie dans sa demeure de Bruxelles. Le matériel et les presses lui furent fournis par un imprimeur bruxellois, F. Hayez, dont un parent, François Pion, l’aida dans cette entreprise. L’imprimerie fonctionna jusqu’en 1794 et fut alors détruite dans la tourmente révolutionnaire.
Onze éditions ont été réalisées à Beloeil, notamment : Colette et Lucas (1781), Coup d’œil sur Beloeil (1781), Recueil de poésies du chevalier de l’*** (1781), Les Poésies du chevalier de l’isle (1782), Mélanges de littérature (1783), Coup d’œil sur Beloeil (1786), Instruction secrète dérobée à sa majesté le roi de Prusse… (1787), Recueil de poésies légères (trois parties, dont Point de titre, Point de préface (s.d.) Ce sont des recueils de poésies, des mélanges de littérature, des ouvrages militaires, des écrits sur Beloeil et les jardins.
L’adresse mentionne dans la plupart des cas “à Beloeil, et se trouve à Bruxelles chez F. Hayez, imprimeur libraire”. On trouve un cas (Mélanges de littérature) d’une adresse fictive “à Philosopolis”. A Léopoldberg, Ligne imprimera à nouveau un ouvrage : Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (1796).
militaires, littéraires et sentimentaires (1796).
23. [Charles-Joseph, prince de Ligne], Colette et Lucas : comédie en un acte, mêlée d’ariettes
Chez l’auteur : de l’imprimerie de l’auteur, 1781. In-8°.
Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée Capé. Maroquin vert, décor à la Du Seuil , gardes de parchemin au chiffre du duc d’Aumale, tranches marbrées et dorées.
Provenance : Librairie Van Trigt – duc d’Aumale (acq. librairie Van Trigt, 1862).
V-E-061
Edition originale. Premier livre imprimé par le prince de Ligne, qui écrivit cette petite comédie pastorale en 1779 pour le mariage de son fils, Charles, avec la princesse Hélène Massalska. Elle fut jouée dans les jardins de Beloeil par des acteurs de la Comédie française qu’affectionnait particulièrement le prince de Ligne, Préville et Aufresnes. Ce texte ne sera pas repris dans les œuvres du prince.
L’ouvrage est illustré de deux gravures sur cuivre par Antoine Alexandre Joseph Cardon, artiste apprécié du prince de Ligne. Les caractères, les encadrements et les culs-de-lampe seront réemployés dans Coup d’œil sur Beloeil.
Le livre a été tiré à un petit nombre d’exemplaires, dont cinq seulement seraient connus : celui du prince, conservé au château de Beloeil ; le deuxième, provenant de la bibliothèque du château, a été donné en 1914 par le prince de Ligne à sa fille, la princesse Alexandra de La Tour et Taxis ; le troisième appartenait au prince Albert de Ligne ; le quatrième, provenant de la collection de Renier Chalon, est conservé à la Bibliothèque royale de Belgique ; celui-ci, mis en vente en 1862 par le libraire Van Trigt, fut acheté par le duc d’Aumale. C’est le seul exemplaire à toutes marges.
Beloeil, Imprimerie du prince Charles de Ligne, 1781.
In- 8°. Cul-de-lampe gravé en taille-douce. Exemplaire à toutes marges.
Bradel, papier de fantaisie.
Provenance : Saint-Genies (ex-libris) – librairie Morgand – duc d’Aumale (acq. Morgand, janvier 1888).
V-G-043
Édition originale, tirée à petit nombre d’exemplaires et destinée aux intimes.
Ce texte du prince de Ligne décrit sa terre de Beloeil et les jardins qu’il y a créés, ses projets d’aménagement, ainsi que d’autres jardins célèbres de châteaux d’Europe (“Coup d’œil sur les jardins des autres”). Les avis du prince en ce domaine sont très recherchés et la reine Marie-Antoinette le consulte à plusieurs reprises pour ses travaux à Versailles.
On trouve dans l’ouvrage une description relativement critique des jardins de Chantilly, que le prince de Ligne connaissait bien car il eut des liens très étroits avec les princes de Condé (p. 77-78).
Une nouvelle édition, moins rare et moins belle, revue et augmentée par l’auteur, fut imprimée à Beloeil en 1786, sans le cul-de-lampe gravé en taille-douce qui se trouve à la dernière page de l’édition originale.
L’ouvrage a une dédicace à l’abbé Jacques Delille (1738-1813), poète dont l’œuvre la plus célèbre est Jardins ou L’Art d’embellir les paysages, publiée en 1780, l’année précédant cette impression. Le prince de Ligne admirait cet écrivain et fit ériger son buste dans les jardins de Beloeil.
“Chantilly, vrai séjour de la féerie et siège de la belle nature, pouvait rassembler à la fois, les avantages de tous les pays. Qu’une partie des eaux et que l’isle d’Amour tienne à la magie, j’y consens : mais que ce grand canal ne présente pas cette longue ligne droite qui traverse mal adroitement une prairie immense. C’était là le cas de la rivière. Les eaux tenues à fleur de terre, ou plutôt de gazon, auraient par mille détours rendu la navigation bien plus intéressante. On pouvait y semer des isles, et faire plusieurs objets de promenade encore plus agréables que tout ce qui y est. Silvie aurait dû être traitée avec un désordre étudié, et l’on devrait faire plus de cas de la pelouze charmante qui est près des magnifiques écuries de Mr le Prince de Condé.
Depuis que j’ai fait cet ouvrage, car il y a près de huit ans, on a bâti un hameau. Je ne lui trouve pourtant pas assez l’air d’une citation. A force d’être naturel, il fait regretter d’abord qu’on ne l’ait point abattu. Il est trop exposé. Il eût mieux fait dans quelque partie plus environnée. Je crois qu’on appelle tout cela jardin Anglais. Il ferait trop minutieux. Tout Chantilly vu de ce hameau, a l’air très Anglais, et c’est plutôt le reste qui le fait valoir. La grotte en peinture n’est pas digne d’un nom si fameux en grandes choses. J’aime assez les trois petits ponts tournans. Il faudrait tout gazon, moins de parterre, et moins d’ordre dans le terrein, et les superbes eaux qui sont au pied du magnifique escalier du Connétable. ”
Variantes données par le prince de Ligne dans l’édition définitive de 1795 :
“Par exemple à Chantilly je crois voir le grand Condé s’y promener. Mon cœur bat de joie et de tendre admiration. Je veux baiser les pas du génie ; mais le génie ne marche pas, il vole. Je parcours ce vrai lieu d’enchantement, où la Nature, malgré un peu d’entraves que le goût du temps lui a apportées, a échappé souvent ; 1) à la pelouse des écuries, bâtiment supérieur aux Palais de plusieurs Rois ; 2) à l’inégalité du terrain qui procure, sans cesse, des points de vue ; 3) à ce qui est rivière, plutôt que canal, entre les plus beaux glacis de gazon ; 4) à des bouts de forêts qui entrent dans le jardin ; 5) à plusieurs cascades naturelles.
La Nature charmée de s’être tirée des mains de ses persécuteurs, s’est prêtée ensuite à eux, au bosquet de Sylvie, à l’isle d’amour, si illustrée par des fêtes, et aux effets d’eau qui, tombant avec tapage, ou s’élançant avec fierté, le jour et la nuit, ne me font point pleurer sa captivité. Tout Chantilly a l’air jardin anglois, beaucoup plus que ce qu’on a cru y faire d’anglois, depuis quelque temps, où le hameau, peu pittoresque et piquant, me paroit trop isolé. En ne changeant presque rien, mettant en gazon le peu qui n’y est pas, et avec un peu de désordre étudié dans les eaux, et les plantations, Chantilly du beau lieu de la France, deviendroit le plus beau du monde entier.”
Bruxelles : Imprimerie du prince Charles de Ligne, 1781. In-8°.
Joint : portrait de Charles de Ligne, gravé par Jakes Adam d’après Jose Kreitzinger, 1785.
Reliure, XIXe siècle. Demi-maroquin bleu, papier Annonay.
Provenance : Jean-Baptiste Théodore De Jonghe (ex-libris, cat. vente, Bruxelles, novembre 1860, n° 2706, 60 F) – duc d’Aumale (acq. vente De Jonghe).
XXXII-B-037
Jean-Baptiste Nicolas, chevalier de L’Isle (1735-1784), poète et épistolier, rencontra vers 1779 le prince de Ligne dans le salon littéraire de la duchesse de Polignac. Ce fut le début d’une longue amitié, dont témoignent les lettres échangées jusqu’à la mort du chevalier, qui dressent avec gaîté et simplicité un tableau pittoresque de leur vie de courtisans et de militaires, ainsi que de leurs travaux littéraires. Le prince de Ligne fit imprimer trois recueils du chevalier (Recueil de poésies, Bruxelles, 1781 ; Poésies du chevalier de L., Bruxelles, 1782 ; Recueil de Poésies légères, Beloeil, s.d., un seul exemplaire connu).
Cette édition très rare fut tirée selon Brunet à dix ou douze exemplaires. Seul exemplaire conservé en France.
Bibliographie
Arthur Dinaux, “Beloeil château du prince de Ligne”, Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la Belgique, 1829, p. 443-456.
Philomneste junior, op. cit., p. 27-28.
Charles-Joseph, prince de Ligne, Colette et Lucas : introduction par Félicien Leuridant, Bruxelles, 1914.
Charles-Joseph, prince de Ligne, Coup d’œil sur Beloeil et sur une grand partie des jardins de l’Europe : nouv. éd. publ. avec une introduction et des notes par le comte Ernest de Ganay, Paris, 1922.
Edouard Rahir, op. cit. p. 272.
Frédéric Haÿez, Jeroom Vercruysse, “ L’imprimerie privée des princes de Ligne au XVIIIe siècle ”, Nouvelles Annales Prince de Ligne, Bruxelles, 1987, t. II, p. 7-75.
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Philippe Quénard fut avocat au Parlement de Paris à la fin de l’Ancien Régime. Dès 1789–1790, il fut représentant de la Commune de Paris pour le district des Petits-Augustins. Il est l’auteur d’un gros ouvrage (4 volumes in-4°), Portraits des personnages célèbres de la Révolution (continué par F. Bonneville), avec des portraits gravés, qui fut imprimé par l’imprimerie du Cercle social et peut-être édité à compte d’auteur. Il publia également Les Dames, poèmes, par P.Q.D., en 1801.
La presse privée de Quénard est attestée pendant le Directoire. Bien qu’elle fût anciennement et expressément signalée comme telle, son statut reste incertain. Peut-être s’agit-il d’une des nombreuses imprimeries qui apparurent à Paris après la suppression de l’autorisation d’imprimer par la Constituante en 1791. cependant, C. Nodier précise bien que l’ouvrage “fut imprimé par l’auteur lui-même avec une petite imprimerie portative et tiré à un très petit nombre”.
Paris, an IV [1795-1796]. In-16.
Reliure française, XIXe siècle. Demi-veau brun.
Provenance : Armand Cigongne (ex-libris) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
XXVI-D-045
Tirage à douze exemplaires. La dédicace est signée Quénard.
Certaines pages ont reçu un encrage très insuffisant qui atteste un travail manifestement non professionnel.
Bibliographie
Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt : avec des notes littéraires et bibliographiques de… Charles Nodier et Paul Lacroix : catalogue de vente, Paris, 1838, n° 238.
Philomneste junior, op. cit., p. 36.
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“Elle avait un esprit très original et parfaitement naturel. Ses traits durs et irréguliers étaient masculins, comme le son de sa voix. Lorsqu’elle portait des vêtements de femme (ce qui n’arrivait pas tous les jours), elle endossait une sorte de costume qui n’était ni celui qu’elle avait dû porter dans sa jeunesse avant la Révolution, ni celui que la mode avait introduit sous l’Empire : il se composait d’une robe très ample à deux poches, et d’une espèce de bonnet monté ; on ne lui vit jamais de chapeau. Mme de Luynes se moquait fort gaiement elle-même de ce qu’elle appelait sa dégaine ; et néanmoins, avec ce visage, cette toilette et cette grosse voix, il était impossible aux gens les plus ignorants de ce qu’elle était, de ne pas reconnaître en elle, au bout de cinq minutes, une grande dame. La sensibilité et l’élévation de son âme se montraient de même sous la brusquerie de ses allures, comme, à travers la crudité de son langage, perçaient l’habitude et l’élégance du grand monde. Elle était très instruite, savait bien l’anglais et lisait énormément. Que dis-je ? Elle imprimait ; elle avait fait établir une presse au château de Dampierre, et non seulement elle était, mais elle avait la prétention d’être un bon ouvrier typographe.
Un jour elle se rendit avec Mme Récamier aux Halles de la Grenette, à l’imprimerie de MM. Ballanche père et fils. Après avoir attentivement et très judicieusement examiné les caractères, les presses, les machines ; après avoir apprécié en personne du métier les perfectionnements que MM. Ballanche avaient introduits dans leur établissement, elle relève tout à coup sa robe dans ses poches, se place devant un casier, et, à l’admiration de tous les ouvriers, la duchesse compose une planche fort correctement, fort lestement, sans omettre même en composant un certain balancement du corps en usage parmi les imprimeurs de son temps”.
De 1795 à 1803, dix-sept ouvrages sortirent de sa presse, dont sept en 1800. Elle s’occupait personnellement de toutes les étapes de la fabrication, jusqu’au brochage des cahiers, qui était fait dans le salon du château par son amie madame Felz, femme d’un médecin allemand.
Elle imprima des textes de genres très divers, œuvres littéraires et poétiques, biographies et mémoires historiques, œuvres de morale, qu’elle traduisait parfois elle-même.
Elle se dessaisira de son imprimerie à la promulgation du décret de Napoléon Ier sur l’imprimerie et la librairie le 5 février 1810.
Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée Joseph Thouvenin. Demi-veau brun.
XXIII-B-034, XXIII-B-035
La duchesse de Luynes, qui signa l’impression des initiales de son nom, est également l’auteur de la traduction du roman.
Dans un avertissement, elle explique son but pédagogique : enseigner l’anglais à son fils en appliquant une méthode personnelle inédite de traduction littérale. Chaque ligne du texte anglais est suivie d’une ligne de la traduction en français qui lui correspond exactement, avec des espaces intercalés entre les mots si nécessaire, les mots anglais étant numérotés si leur traduction française ne peut en respecter l’ordre, les mots français qui ne figurent pas dans le texte anglais étant mis entre parenthèses. L’énorme ouvrage en deux volumes, d’une lecture difficile, est donc plus un manuel d’apprentissage de la langue anglaise qu’une traduction littéraire du roman de Daniel Defoe.
Ce fut un travail de composition typographique considérable et minutieux. “Les peines que je me suis données, conclut-elle, seront amplement payées, si elles servent à aplanir les difficultés que les élèves éprouvent dans l’étude de toutes les langues ; je dis toutes, parce que cette méthode peut s’appliquer à toutes.”
Elle emploiera à nouveau ce procédé en 1800 pour une édition bilingue d’une vie de Jonathan Swift.
Bibliographie
Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Madame Récamier, Paris, 1859, t. 1, p. 189-191.
Edmond Werdet, op. cit., p. 339.
Philomneste junior, op. cit., p. 33-34.
Ph. Van der Haeghen, “ L’imprimerie ducale de Dampierre ”, Le Livre (bibliographie rétrospective), 1885 , p. 289-291.
Ph. Van der Haeghen, “ Le commerce d’autrefois et l’imprimerie d’une duchesse ”, Le Livre (bibliographie rétrospective), 1886 , p. 248-253.
Edouard Rahir, op. cit., p. 273.
Bernard Vouillot, “La Révolution et l’Empire : une nouvelle réglementation”, in : Histoire de l’édition française (1660-1830), Paris, 1984, t. 2, p.526-535.
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Il créa alors une imprimerie et se consacra à la vie littéraire, produisant divers recueils de poésies : Imitations d’Horace et poésies diverses (1800), Fables pour l’enfance et la jeunesse (Paris, 1806), Fables diverses, critiques, politiques et littéraires (Paris, 1807).
Impression sur papier vert clair.
Reliure française, XIXe siècle, signée Petit successeur de Simier. Demi- maroquin vert.
XXXII-C-023
Dans son avis au lecteur, Grenus précise qu’il a fait lui-même ce premier tirage à un petit nombre d’exemplaires (vingt-cinq selon Barbier) sans les mettre en vente. Il voulait que ces poésies extraites d’un recueil de plus de cent-cinquante œuvres inédites soient soumises au jugement de quelques-uns avant d’être éventuellement diffusées auprès d’un plus large public.
Bibliographie
Jean Bouchary, Les Manieurs d’argent à Paris, à la fin du XVIIIe siècle, t. II, Paris, 1940, p. 157-209.
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Charles Nodier, qui eut sans doute connaissance de la presse privée de Thomassin, durant sa jeunesse bisontine, fut le premier bibliophile à s’attacher à réunir les publications de Thomassin et assurera leur notoriété bibliophilique.
Première impression que l’on peut signaler : Notice historique sur Joseph-Adam Lorentz, médecin en chef de l’armée du Rhin, Besançon, 1801, in-8°. Aux autres impressions présentées s’ajouterait une “chanson”.
Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée par Joseph Thouvenin. Demi-maroquin rouge.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 1141) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
XXXI-B-062
Tirage à 25 exemplaires, un des deux sur vélin.
Reproduction de l’édition de ce texte satirique dirigé contre l’Eglise romaine, faite à Lyon en 1563 par Jean Saugrain, qui l’avait déjà publié en 1553. En effet, Thomassin s’attacha à reproduire quelques unes de ces “raretés, innocents objets des désirs de tous les amateurs de notre vieille littérature”. C’est un des premiers exemples de reproduction, à l’aide de caractères typographiques, d’éditions anciennes de textes rares en français. Proposées comme des répliques à caractère bibliophilique, elles furent en vogue dans la première moitié du XIXe siècle, jusqu’au développement de procédés lithographiques qui permirent de renoncer à avoir recours à la typographie.
Armand Cigongne avait pu réunir les deux très rares éditions anciennes (cat. n° 1139 et 1140) ainsi que la réédition de Thomassin. Le duc d’Aumale apprécia aussi ces répliques et en réunit de nombreuses.
Exemplaire à toutes marges.
Reliure française, XIXe siècle, signée par Joseph Thouvenin. Maroquin rouge.
Provenance : Armand Cigongne (cat. n° 2338) – duc d’Aumale (acq. coll. Cigongne, 1859).
III-D-007
Recueil de trois pièces avec pages de titre, regroupées sous une page de titre supplémentaire spéciale. Les deux dernières sont imprimées par Thomassin.
● Relation de l’île de Bornéo, ou Histoire de Méro et Enégu, [avec un supplément qui continue jusqu’à nos jours]. En Europe, 1807.
Imprimé par Didot l’aîné d’après le catalogue Cigongne (n° 2338)
Tirage à 100 exemplaires, un des 90 sur “beau papier vélin”.
● Fontenelle, Lettre… au marquis de la Fare sur la Résurrection. En Europe [Besançon, imprimerie de Thomassin], 1807.
Publiée par Gabriel Peignot, avec une lettre additionnelle sur le même sujet, signée Giovanno Plesantino, (G. Peignot d’après J. Simmonet, Essai sur la vie et les ouvrages de G. Peignot).
Tirage à 60 exemplaires.
● La Création et le paradis perdu, par un Bourguignon [Gabriel Peignot]. A Bagdad [Besançon, imprimerie de Thomassin], s.d.
Tirage à 60 exemplaires.
Selon Charles Nodier (lettre à G. Peignot), la Relation de l’île de Bornéo et la Lettre sur la Résurrection avaient été imprimées antérieurement “à très petit nombre et d’une manière fort maussade” et la Lettre sur la Résurrection fut réimprimée postérieurement (avant 1829 ?) “à Paris, au nombre de cinquante exemplaires”.
Bibliographie
Charles Nodier, Lettre à Gabriel Peignot, s.d. (Bibliothèque municipale de Besançon). Publiée dans : J. Larat, Bibliographie des œuvres de Charles Nodier, Paris, 1923.
Charles Weiss, “Notice nécrologique”, in : Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Besançon, 1829, p. 152-172.
Edmond Werdet, op. cit., p. 339.
Philomneste junior, op. cit., p. 42.
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Mais c’est au cours d’un deuxième séjour de moins de deux ans en Angleterre après les Cent-Jours, que, résidant à nouveau à Twickenham avec sa famille, il créa une imprimerie plus attestée dans une maison dépendant de sa demeure d’Old Twick, acheta un brevet d’imprimeur pour son valet de chambre, Georges White, qui depuis 1800 avait été au service de son frère le duc de Montpensier avant de passer dans sa maison, et auquel il servira une rente annuelle par son testament en 1850.
Cette imprimerie privée, tombée dans l’oubli, n’est jamais signalée comme telle. Elle est cependant mentionnée dans les rapports des espions du roi de France, Louis XVIII. Deux ouvriers typographes anglais, ne parlant pas le français, y impriment discrètement des textes de justification politique, diffusés auprès des amis ou des partisans des Orléans. Cinq ouvrages sont sortis de cette presse : Justification de Charles-Philippe d’Orléans… ; Droits de la branche d’Orléans au trône de France ; Relation de la captivité de S.A.S. Mgr le duc de Montpensier : pendant les années 1793, 1794, 1795, et 1796…; [Louis-Philippe], Extrait de mon journal de mars 1815 ; Comte Pierre Marie de Grave, L’Art de lire. Ce dernier ouvrage, écrit par un proche de Louis-Philippe, à qui il avait confié l’éducation de son fils aîné, est connu seulement par l’exemplaire conservé à la British Library.
Dans cette imprimerie privée de Twickenham, on peut déceler un signe de l’acculturation britannique de Louis-Philippe, peut-être inspiré par l’exemple de la plus célèbre des presses privées anglaises, fondée quelques décennies auparavant, précisément dans le voisinage de Twickenham, par Horace Walpole.
C’est dans cette même demeure, Orleans House, que s’installera son fils, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, quand il sera contraint de s’exiler, au lendemain la Révolution de 1848.
A Twickenham, de l’imprimerie de G. White, 1816. In-4°.
Reliure anglaise, XIXe siècle. Maroquin bleu à grain long, bordure dorée et fers estampés à froid, gardes de soie jaune.
Provenance : Marie-Amélie de Bourbon, reine, mère du duc d’Aumale – duc d’Aumale (succession de la Reine, 1866).
V-G-016
Louis Antoine Philippe d’Orléans, duc de Montpensier (1775–1807), frère cadet de Louis-Philippe, élevé avec lui et compagnon intime de sa jeunesse, relate dans ce récit sa traversée de la tourmente révolutionnaire. Il fut emprisonné à dix-huit ans à Marseille, en 1793, avec son jeune frère Louis Charles d’Orléans, comte de Beaujolais (1779–1808) et son père Philippe-Egalité, exécuté cette même année à Paris. Cette captivité dura jusqu’en 1796, le Directoire ordonnant alors que les deux jeunes prisonniers soient transférés aux Etats-Unis, à Philadelphie, où ils retrouvèrent Louis-Philippe. Le duc de Montpensier mourra en 1807, à l’âge de trente-deux ans, d’une affection pulmonaire contractée durant cette captivité.
Cet ouvrage est, selon une note du duc d’Aumale dans le catalogue de ses livres, le premier livre imprimé à Twickenham. La production et la diffusion de ce récit s’inscrivent plus dans le dessein politique de Louis-Philippe que dans son désir de saluer la mémoire de son frère. Il se situe dans la continuité de la rédaction de ses Mémoires personnels concernant la période 1789–1793, écrits à Twickenham en 1802 et qui resteront manuscrits sa vie durant.
Ce récit du duc de Montpensier fera l’objet d’une seconde édition commerciale, sous un titre différent, Mémoires de S.A.S. Louis Antoine Philippe d’Orléans, duc de Montpensier, dès 1824.
A Twickenham, de l’imprimerie de G. White, 1816. In-4°.
Reliure française, XIXe siècle. Veau marbré.
Provenance : Louis-Philippe Ier, duc d’Orléans, puis roi des Français – duc d’Aumale (don de Louis-Philippe, Claremont, 22 avril 1850).
V-G-014
Ce texte, écrit pendant les Cent-Jours, est dans l’esprit de Louis-Philippe le témoignage de son loyalisme envers Louis XVIII et l’expression de sa fidélité à la Nation. Dans un avertissement en tête de l’ouvrage, il précise : “ Mon objet n’est pas de le publier en ce moment, mais d’avoir la possibilité de faire cette publication, s’il arrivait jamais que les circonstances l’exigeassent. ”
Sur un feuillet placé en tête de l’ouvrage, le duc d’Aumale raconte l’histoire du livre :
“ Le roi, mon Père, avait acheté en 1816 un brevet d’imprimeur à son valet de chambre White, et avait fait imprimer chez lui à Twickenham ce Journal, afin de pouvoir le répandre au besoin. Cette nécessité ne s’est pas produite, et l’édition s’est retrouvée en entier au Palais-Royal dans la malle où elle avait été déposée, et où elle était restée inaperçue des vainqueurs de février [1848]. Il n’y en avait eu de distrait qu’un très petit nombre d’exemplaires dont l’un fut trouvé aux Tuileries par M. de Pontécoulant, chargé d’une mission d’exploration par le Gouvernement provisoire et servit de base à l’impression de 1849. ”
L’ouvrage fut tiré à cent exemplaires, mais non diffusé. Celui qui est dans le Cabinet des livres porte l’envoi autographe “ Donné à mon bien aimé fils le duc d’Aumale, Claremont, 22 avril 1850. ” Après la Révolution de 1848 et son abdication, Louis-Philippe et sa famille s’étaient installés au château de Claremont, dans le Surrey, au sud-ouest de Londres. On peut noter l’attachement particulier de Louis-Philippe à cette impression : il l’avait emportée en France, puis, malgré la précipitation de l’exil, il l’avait rapportée en Angleterre, alors qu’il avait dû abandonner sa bibliothèque. Le roi vieilli, malade, repris par ses souvenirs de jeunesse, offrit cet exemplaire à son fils quelques mois avant sa mort, le 26 août 1850.
Ce texte fit l’objet d’une édition, commerciale cette fois, en 1849.
Bibliographie
Eugène Asse, “Les Bourbons bibliophile”, Le Livre (bibliographie rétrospective), 1888, p. 207.
Michel Poniatowski, Louis-Philippe et Louis XVIII : autour du Journal de Louis-Philippe en mars 1815, 1980.
Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, 1994.
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Londini, Impensis Ludovici Luciani Bonaparte, 1857. In-8°.
Reliure anglaise, XIXe siècle, signée Wright. Cuir de Russie brun, chiffre du duc d’Aumale sur les plats.
XXXV-B-008
Cette traduction en soixante-douze langues et dialectes européens de la Parabole sur le semeur de saint Mathieu comporte en fin de l’ouvrage une mention de l’imprimeur W.H. Billing : « I certify that this book was printed by me in the house of his highness the Prince Louis-Lucien Bonaparte ».
Bibliographie
The Bibliographer’s manual of English Literature, by William Thomas Lowndes, new edition, revised by Henry G. Bohn, Londres, vol. IV, 1864, p. 246.
A. Ehrmann, “The Private press and publishing activities of prince Louis-Lucien Bonaparte”, The Book Collector, t.9, 1960, p. 30-37.
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