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Bibliothèque et Archives du Château de Chantilly
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Lors de la préparation de l’exposition De la dominoterie à la marbrure : papiers et reliures (2005), la prospection des feuillets de gardes des reliures antérieures au XIXe siècle dans la collection du château de Chantilly a permis de mettre au jour un bel ensemble – plus d’une centaine – de papiers à décors dorés. Ces papiers ont moins retenu l’attention en France que les papiers marbrés, dominotés ou à la colle qui sont beaucoup plus fréquents.
Les papiers dorés ont été minutieusement étudiés dans leur pays d’origine, l’Allemagne. Leur recensement dans les collections de Chantilly propose une première approche de leur diffusion et de leurs emplois dans les reliures en France.
Il faut signaler qu’ils ont aussi été employés comme couverture de livrets brochés qu’ils permettaient de doter d’une protection attrayante, peut-être pas aussi provisoire qu’on le croit parfois.
Il semble que ce soit au début du XVIIIe siècle que les papiers dorés commencèrent à être utilisés comme feuillets de garde en France. Les premiers étaient d’origine turque ou persane, comme ce fut aussi le cas au siècle précédent pour les papiers marbrés. Mais la quasi-totalité des papiers dorés dans les reliures françaises sont de fabrication allemande. Leur importation s’est développée au cours de la première moitié du XVIIIe siècle et, au milieu du siècle, leur emploi était suffisamment avéré pour que l’Encyclopédie de Diderot et Alembert en fasse état. Il régressa à la fin du règne de Louis XVI et disparut complètement pendant la période révolutionnaire.
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Un premier groupe, le plus ancien et le plus rare, est formé par les papiers à vernis doré (en allemand, Bronzefirnispapier) en usage dès 1690-1720. Les motifs dorés étaient obtenus par impression d’un bloc de bois où les contours (le fond) étaient gravés. Les motifs, préservés en relief, étaient « encrés » à l’aide d’un vernis mêlé de poudre d’un alliage à base de cuivre. L’impression était faite sur une presse du type de celles utilisées pour les gravures sur bois. D’ailleurs la technique en général était analogue, sauf pour l’ »encrage « , à celle des dominotiers français. Mais, semble-t-il, ceux-ci ne maîtrisèrent jamais la production des vernis dorés. La feuille de papier pouvait être préalablement colorée au pinceau. On trouve ainsi à Chantilly des motifs dorés sur fond vert, violet ou laissé blancs.
Dans un cas, c’est l’inverse, c’est le fond qui est doré, sur lequel se détachent les motifs blancs. Quatre reliures à gardes de papier à vernis doré furent exécutées pour des femmes, une pour la duchesse de Bourgogne, Marie-Adélaïde de Savoie, une pour Mademoiselle de Charolais, et deux reliures « à la ruche » pour la duchesse du Maine. Peut-on y déceler les prémices d’une intention de « féminisation » de la reliure par le recours à un papier précieux, non sans similitude avec les tissus brodés d’or ?
Proche de ces papiers à vernis doré est un exemple unique à Chantilly de papier à fond doré ayant reçu l’impression en noir d’une gravure en taille-douce et des rehauts en couleurs au pochoir. Il semble que le fond doré ait été peint au vernis à alliage de cuivre.
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Ces papiers dorés gaufrés (en allemand, Brokatpapier, papier brocart) furent la spécialité de fabricants installés principalement à Augsbourg et Nuremberg. Les noms du fabricant et de la ville sont souvent gaufrés en bordure de la feuille, mais ils sont presque toujours rognés par les relieurs. Pour chaque feuille de papier, il faut employer une feuille de cuivre. Seules les manufactures métallurgiques allemandes pouvaient fournir ces feuilles de cuivre à un prix acceptable et, pour cette raison, les artisans allemands eurent le monopole de la production de ces papiers à prix de revient élevé.
Les papiers dorés gaufrés les plus fréquemment employés en France sont « blanc et or » et ne comportent pas d’ajouts de couleurs : peut-être correspondaient-ils à un certain goût « français » particulier ; peut-être tout simplement étaient-il moins onéreux. Mais l’adjonction de l’éclat des couleurs à la brillance de l’ « or » a certainement été un enrichissement apprécié par certains possesseurs de livres.
On doit distinguer les papiers dorés gaufrés monochromes et les papiers dorés gaufrés polychromes, qui demandaient deux différentes façons de coloriage. Dans le cas des papiers monochromes, la feuille de papier était préalablement coloriée uniformément au pinceau ou à la brosse avant de recevoir la feuille de cuivre en application et passer en presse. Dans les exemples de Chantilly, les motifs dorés se détachent ainsi sur fonds orange, rose, vert, violet ou le fond doré cerne des motifs colorés verts ou violets.
Les papiers dorés gaufrés polychromes sont les plus spectaculaires et peut-être masquent-ils la diversité des autres types. La feuille – laissée blanche ou colorée d’une teinte de fond – recevait, généralement au préalable et avant la feuille de cuivre, des taches colorées au pochoir correspondant aux zones (motif ou fond) gravées en creux dans la plaque de cuivre et donc ne fixant pas l’ « or ». Après impression, ces taches sous-jacentes colorées transparaissaient aux zones non dorées. Dans certaines productions moins soignées, il peut y avoir un décalage entre les parties colorées et les parties gravées dans la plaque de cuivre.
En certains modèles, par parti pris, la disposition des couleurs sur la feuille de papier ne correspond à aucune zone gravée de la plaque de cuivre et constitue un fond coloré géométrique sous-jacent, en réseau losangé par exemple. Il arrive aussi que, de manière plus directe, la polychromie soit simplement ajoutée au pinceau sur la feuille ayant déjà reçu l’impression dorée.
Les décors de papiers dorés gaufrés sont de plusieurs sortes. Les motifs végétaux sont prédominants, constitués de rinceaux très stylisés, ou de feuillages et de fleurs « au naturel », de dessin plus réaliste. Certaines de ces compositions végétales sont « architecturées », des arcatures structurant des assemblages de vases de fleurs, de coupes de fruits, de rameaux feuillus. D’autres mêlent aux éléments végétaux des animaux (chien, oiseau) ou des insectes.
Généralement, les dimensions des volumes ne permettent pas l’emploi de papiers aux représentations figurées profuses ; Cependant, le papier le plus riche présent dans la bibliothèque de Chantilly insère, dans un réseau végétal dense, Bacchus sur un tonneau, un satyre, un chasseur, un musicien, un ours, un cerf, etc. Bien que ne portant aucune signature apparente, on peut l’identifier comme dû à l’atelier de Georg Christoph Stoy à Augsbourg (Haemmerle 439).
Il faut faire une place à part à des papiers à décors géométriques très simples où l’empreinte dorée se limite à des semés d’étoiles, points, petits cercles, croix ou à des damiers, généralement sur fond blanc, parfois sur fond monochrome.
En raison du caractère répétitif du décor, les plaques gravées pouvaient être de dimensions plus réduites et le raccord malhabile des motifs est souvent visible. Ces papiers sont les plus fréquents dans les reliures françaises. Étaient-ils moins onéreux ? Correspondent-ils à une préférence de goût ?
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Dernière variété de papier doré, la plus « pure » : il s’agit de feuilles totalement dorées, sans zones blanches ou colorées. Pour les papiers dorés unis, la feuille de cuivre était fixée sur le papier par la pression d’une plaque de cuivre plane, non gravée. Ces papiers, assez fréquents, offrent aujourd’hui un aspect plus ou moins oxydé, selon la teneur de l’alliage utilisé pour la feuille de cuivre.Certains papiers uniformément dorés, particulièrement précieux, présentent en outre des motifs décoratifs très légèrement gaufrés par l’emploi d’une plaque de cuivre superficiellement gravée qui permettait l’adhésion de l’intégralité de la feuille de cuivre. Dans un exemple à Chantilly, la qualité de l’alliage a permis une dorure presque non « cuivrée ».
Généralement, les reliures comportant des gardes de papier doré sont des reliures de luxe, en maroquin, souvent aux armes. Certaines présentent un décor, notamment des décors de plaques « rocaille » dites de Dubuisson, des décors de dentelles, ou – plus somptueusement – des compositions mosaïquées. Cependant dans la majorité des cas, elles sont dépourvues de décor. Les papiers dorés apparaissent alors comme un signe occulté de préciosité : signe d’un attachement personnel à un livre ; signe d’un statut discrètement distinctif, voire d’un rang, dont le possesseur se dote pour lui-même seul ; signe dissimulé de dépense à la mesure du sentiment éprouvé lorsqu’il s’agit d’un livre offert ; signe de déférence sans obséquiosité, de subordonné à supérieur, lorsque le livre est une offrande.
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Les papiers dorés gaufrés les plus fréquemment employés en France sont « blanc et or » et ne comportent pas d’ajouts de couleurs : peut-être correspondaient-ils à un certain goût « français » particulier ; peut-être tout simplement étaient-il moins onéreux. Mais l’adjonction de l’éclat des couleurs à la brillance de l’ « or » a certainement été un enrichissement apprécié par certains possesseurs de livres.
On doit distinguer les papiers dorés gaufrés monochromes et les papiers dorés gaufrés polychromes, qui demandaient deux différentes façons de coloriage. Dans le cas des papiers monochromes, la feuille de papier était préalablement coloriée uniformément au pinceau ou à la brosse avant de recevoir la feuille de cuivre en application et passer en presse. Dans les exemples de Chantilly, les motifs dorés se détachent ainsi sur fonds orange, rose, vert, violet ou le fond doré cerne des motifs colorés verts ou violets.
Les papiers dorés gaufrés polychromes sont les plus spectaculaires et peut-être masquent-ils la diversité des autres types. La feuille – laissée blanche ou colorée d’une teinte de fond – recevait, généralement au préalable et avant la feuille de cuivre, des taches colorées au pochoir correspondant aux zones (motif ou fond) gravées en creux dans la plaque de cuivre et donc ne fixant pas l’ « or ». Après impression, ces taches sous-jacentes colorées transparaissaient aux zones non dorées. Dans certaines productions moins soignées, il peut y avoir un décalage entre les parties colorées et les parties gravées dans la plaque de cuivre.
En certains modèles, par parti pris, la disposition des couleurs sur la feuille de papier ne correspond à aucune zone gravée de la plaque de cuivre et constitue un fond coloré géométrique sous-jacent, en réseau losangé par exemple. Il arrive aussi que, de manière plus directe, la polychromie soit simplement ajoutée au pinceau sur la feuille ayant déjà reçu l’impression dorée.
Les décors de papiers dorés gaufrés sont de plusieurs sortes. Les motifs végétaux sont prédominants, constitués de rinceaux très stylisés, ou de feuillages et de fleurs « au naturel », de dessin plus réaliste. Certaines de ces compositions végétales sont « architecturées », des arcatures structurant des assemblages de vases de fleurs, de coupes de fruits, de rameaux feuillus. D’autres mêlent aux éléments végétaux des animaux (chien, oiseau) ou des insectes.
Les papiers dorés gaufrés polychromes sont les plus spectaculaires et peut-être masquent-ils la diversité des autres types. La feuille – laissée blanche ou colorée d’une teinte de fond – recevait, généralement au préalable et avant la feuille de cuivre, des taches colorées au pochoir correspondant aux zones (motif ou fond) gravées en creux dans la plaque de cuivre et donc ne fixant pas l’ « or ». Après impression, ces taches sous-jacentes colorées transparaissaient aux zones non dorées. Dans certaines productions moins soignées, il peut y avoir un décalage entre les parties colorées et les parties gravées dans la plaque de cuivre.
En certains modèles, par parti pris, la disposition des couleurs sur la feuille de papier ne correspond à aucune zone gravée de la plaque de cuivre et constitue un fond coloré géométrique sous-jacent, en réseau losangé par exemple. Il arrive aussi que, de manière plus directe, la polychromie soit simplement ajoutée au pinceau sur la feuille ayant déjà reçu l’impression dorée.
Les décors de papiers dorés gaufrés sont de plusieurs sortes. Les motifs végétaux sont prédominants, constitués de rinceaux très stylisés, ou de feuillages et de fleurs « au naturel », de dessin plus réaliste. Certaines de ces compositions végétales sont « architecturées », des arcatures structurant des assemblages de vases de fleurs, de coupes de fruits, de rameaux feuillus. D’autres mêlent aux éléments végétaux des animaux (chien, oiseau) ou des insectes.
Papiers à motifs dorés sur fond coloré
Les papiers dorés gaufrés polychromes sont les plus spectaculaires et peut-être masquent-ils la diversité des autres types. La feuille – laissée blanche ou colorée d’une teinte de fond – recevait, généralement au préalable et avant la feuille de cuivre, des taches colorées au pochoir correspondant aux zones (motif ou fond) gravées en creux dans la plaque de cuivre et donc ne fixant pas l’ « or ». Après impression, ces taches sous-jacentes colorées transparaissaient aux zones non dorées. Dans certaines productions moins soignées, il peut y avoir un décalage entre les parties colorées et les parties gravées dans la plaque de cuivre.
En certains modèles, par parti pris, la disposition des couleurs sur la feuille de papier ne correspond à aucune zone gravée de la plaque de cuivre et constitue un fond coloré géométrique sous-jacent, en réseau losangé par exemple. Il arrive aussi que, de manière plus directe, la polychromie soit simplement ajoutée au pinceau sur la feuille ayant déjà reçu l’impression dorée.
Papiers à motifs polychromes (décor de fleurs) sur fond doré
Papier sans décor
Les décors de papiers dorés gaufrés sont de plusieurs sortes. Les motifs végétaux sont prédominants, constitués de rinceaux très stylisés, ou de feuillages et de fleurs « au naturel », de dessin plus réaliste. Certaines de ces compositions végétales sont « architecturées », des arcatures structurant des assemblages de vases de fleurs, de coupes de fruits, de rameaux feuillus. D’autres mêlent aux éléments végétaux des animaux (chien, oiseau) ou des insectes.
Papier doré polychrome non gaufré : fond doré, motif en couleur, or au pinceau, gravure sur cuivre en noir, couleur au pochoir après la gravure
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